Vercors Sud - 29 juillet au 5 août 2023

25 janvier Reportages

« N’ayez jamais peur de la vie, n’ayez jamais peur de l’aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d’autres espaces, d’autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroît. » Henry de Monfreid

Écoutez cette histoire que l’on nous a racontée.
Du fond de nos mémoires, Damien et moi allons vous la conter.
Elle se passe en Vercors, au milieu des montagnes.
Dans le centre de la France au pays des vautours.

Point de petit âne gris au camping Les pins de Vassieux-en-Vercors mais un bien bel orage pour nous accueillir ce premier soir et nous mettre dans l’ambiance. Après des retrouvailles et un accueil chaleureux, le première nuit vertacomicorienne se passa au mieux sous les toits de la grange de repli, qui nous offrit un bel abri.

Au petit matin, le soleil inonde déjà de ses rayons les grandes forêts de hêtres et de sapins. Nous nous réchauffons rapidement en partant à l’ascension du col naturel de Rousset. Petite pause pour respirer à plein poumon l’air frais de ce lieu de pas-sage.

Le déjeuner se fera au pied d’un arbre. Il est ensuite temps de s’attaquer à la traversée d’un impressionnant pierrier.

Nous rejoignons ensuite la piste et tranquillement notre premier lieu de campement. Une première petite culotte manque à l’appel mais tant pis. En avant la musique, la guitare est de sortie, les jeux et l’accordéon aussi. Nous commençons les répétitions du « concert de vendredi » ;)

Après une nuit bien humide, nous nous attaquons à la but de Nèves. Nous partons à la rencontre des moutons et de son charmant berger. Une fois au sommet, malgré un merveilleux panorama, le vent ne va pas nous épargner. Hop hop hop, quelques photos et on repart, pas vraiment envie de flâner.

Avec tout ça, nous faisons connaissance, on reprend contact avec les joëlettes pour certains et on découvre la conduite pour d’autres. Le sentier emprunté se rapproche des falaises et nous surplombons la vallée jusqu’à rejoindre le col de Vassieux, en contrebas duquel nous passerons la nuit. La soirée sans pistache ni ornithorynque, est encore bien animée.
Le lendemain c’est à l’ascension de la but Saint Genix que nous allons nous frotter. Amis du vide bonjour, ce sentier bien raide et tout proche de cette jolie corniche nous offre un panorama des plus sensationnels. Une redescente le long de la crête et nous voilà arrivés au col de Font Payanne.

Nous poserons notre campement, rejoint par Guillaume et sa sœur. Après un copieux repas, quelques parties de jeux, voilà enfin notre bal folk qui commence pour célébrer les anniversaires de Stephan notre merveilleux intendant et Guillaume, animateur de soirée dansante hors du commun. :) Ce n’est pas sans regret que nous stoppons la musique et les danses endiablées pour être en forme les jours prochains car le séjour n’est pas fini et nous avons déjà bien dansé. Ce soir-là, la lune est pleine. On aimerait beaucoup entendre hurler les loups.

En ce mercredi, les pâturages de font d’Urle nous offre une sensation de pénéplanation (merci Damien pour le challenge !), un plateau sur un plateau, la vue est majestueuse, les vautours nous régalent de leurs vols si proches qu’on pourrait sentir le souffle d’air sur nos joues. La vue est aussi agréable au Sud sur la vallée forestière qu’au Nord sur le plateau occupé par des vaches et des chevaux, lui donnant des aires de steppes mongoles. Il ne manquait plus qu’une yourte et nous y étions presque.

En posant le tarp, à l’heure du déjeuner, nous espérions un peu nous envoler mais à défaut de trouver des nuages pour faire des pareidolies, nous sommes finalement redescendus prendre un peu d’air frais dans « la glacière de Font d’Urle ». Tout le monde en a bien profité, faisant le bonheur des accros aux sentiers techniques et pentus, mais aussi celui des passagers qui ont pu se rendre dans les profondeurs comme l’ont probablement fait quelques maquisards du coin à l’époque.

Nous traversons la petite station et montons le campement non loin. Concours de montage de marabout juste au moment où la pluie commence à tomber. Le repas est fini, le vin et la musique réchauffent les corps et les cœurs et chacun se trouve une petite place pour passer la nuit.

Le jeudi est un peu flou dans mon esprit. J’ai mal dormi. Je suis le groupe et j’accuse le coup de tant d’efforts physiques et de découvertes inattendues. Je prends conscience que la fin se rapproche à pas feutrés. Nous croisons un « accueillant mais non moins impressionnant » comité de bergers d’Anatolie portant des colliers anti-loups. Le berger et l’enfant ne sont pas loin. Ce premier est avenant et fort sympathique. Nous traversons le troupeau sans encombre et avec une furieuse envie d’échanger un peu plus avec lui. Le refuge est bientôt là. Nous nous y sentons bien. Derniers transferts de voiture et la soirée peut commencer.

Voilà le dernier jour de marche qui se présente à nous. Comme pour accompagner nos cœurs déjà presque en berne, le brouillard s’invite nous imposant un changement d’itinéraire. Tant pis pour le plateau d’Ambel.

Dès nos premiers pas sur les chemins, la pluie ruisselle sur nos vêtements et nos visages, peut-être pour nous donner un avant-goût des larmes qui couleront ce soir. L’eau s’infiltre jusque dans nos sous-vêtements. Commence alors une course comico-ludique pour rejoindre le GR en coupant dans la forêt. Nous expérimentons le ski-joëlette ! Pas d’adhérence au niveau de la roue, mais même dans la boue, ça passe « crème » ! Aucune casse, des sourires et des rires. A croire qu’HCE c’est avant tout le goût du risque et de l’aventure. On rejoint la ferme d’Ambel. Le camion n’y montera pas. Nous la transformons en séchoir à linge géant. La scène à l’intérieur est surréaliste, les odeurs aussi. Des hommes et des femmes aux cheveux mouillés se déplacent pieds nus, en culotte, en caleçon, comme une grande famille pleine de complicité sous les yeux déconcertés des quelques randonneurs qui passaient par ici.

Le feu a fait sécher quelques paires de chaussettes mais aucune paire de chaussures. Il va pourtant falloir les chausser à nouveau pour rejoindre notre prochain point chaud. Moment le plus pénible du séjour, qui ne durera pas. Une quinzaine de minutes à peine pour nous rendre à la cabane de la Gardiol. Jamais ce lieu n’aura si bien porté son nom. De la chaleur, un abri et des habits propres et secs nous attendent au parking. Apéro débrieff sans surprise, des larmes de joie, de chagrin et beaucoup de mots d’amour partagés dans l’écoute de chacun et la bienveillance.
Le repas est servi, les bananes ont flambé, le rhum a circulé et le concert mené par Marie et Aurélien commence, sous le regard curieux et étonné d’une cycliste allemande. Nos voix s’unissent sur les accords comme sur les sentiers dans l’effort. En communion autour de la guitare et de l’accordéon, envie de fusionner au cœur de cette humanité. Les bras s’entrelacent, les corps chancellent, liberté, équité et solidarité transpirent dans nos délires de chansons françaises. Un séjour qui répare. Demain chacun reprendra son chemin mais ces moments-là nourrissent tous nos espoirs. Ceux d’un monde meilleur et de la paix dans les cœurs.

Damien et Caroline
(Les mots en gras ont été choisis et suggérés par les participants pour venir pimenter le récit)