Djebel Saghro 2018. Quand la neige se ligue avec le désert de pierres !

11 septembre Reportages

Dimanche 28 janvier 2018 : « Au revoir Lionel ! »
Quel est ce préfet qui délivre un passeport pour une durée d’un an ? Comme quoi il ne suffit pas de se souvenir que l’on a refait son passeport récemment et que la durée normale est de 10 ans. Lionel nous quitte le coeur lourd au seuil de l’avion pour retourner en Ardèche avec son passeport valable 1 an.
Grace à R.T.L., Radio Télé Laurent, les 3 heures de vol passeront vite. Youssef et son équipe nous accueillent à Marrakech où nous embarquons dans les minibus pour rejoindre notre 1er campement de Tagdilt 1600M ;
Après une halte restauratrice en courant d’air, une crevaison du 4x4 et une piste cabossée, nous sommes heureux, au lieu des tentes, de trouver une maison pour la nuit. Après ces péripéties, c’est vers 3h du matin que nous nous endormirons.

Lundi 29 janvier : « Réveil en Laponie. »
Les plus anciens d’entre nous se souviennent que Pascal Danel l’avait prédit et chanté dans ce tube de 1966, « Les neiges du Dje-e-bel Saghro », sur des paroles de Michel Delancray et des arrangements de Laurent Voulzy :
Il n’ira pas beaucoup plus loin ; la nuit viendra bientôt.
Il voit là-bas dans le lointain les neiges du Dje-e-bel Saghro

Elles te feront un blanc manteau où tu pourras dormir
Elles te feront un blanc manteau où tu pourras dormir, dormir, dormir
https://www.youtube.com/watch?v=Mf1vBzl6ei4

C’est en effet un spectacle Lapon qui nous trouve au réveil rendant impossible le passage du col. Après la conférence des guides, Olivier nous annonce le changement de programme. Les cars seront rappelés pour contourner la montagne et faire une partie du circuit à l’envers avant de retomber sur nos rails. En attendant, petite sortie tranquille à la découverte du village voisin, guidés par Mohamed, étudiant en littérature et en vacances dans sa famille.

Mardi 30 janvier : « Retour en terre déneigée ».
Après le départ prématuré de Lionel, c’est au tour des mules de nous fausser compagnie, évadées de leur enclos à l’abri du froid. Pendant que nous nous installons dans les bus, elles auront été vite retrouvées. Nous arrivons au gite de Tifrit à l’allure de ryad avec sa cour intérieure garnie d’orangers aux fruits délicieux. Après une sortie de 2 heures à travers les amandiers en fleurs, nous nous préparons à un tagine succulent suivi d’une nuit bercée par les musiciens d’un groupe voisin de 2 randonneurs français. Surprise pour moi de croiser dans ce groupe l’un de mes voisins de Haute Savoie.

Mercredi 31 janvier : « Grande traversée. »
Des chats chahuteurs et miauleurs vers 4 heures ont coupé notre nuit avant d’être chassés à coups de boules de neige. Au petit déjeuner, les confitures françaises d’oranges amères de tante Monique et de figues de la Creuzette se joignent à celles d’ipomée ou d’abricots berbères. Mohamed, muletier, quitte ses randonneurs du Faucigny pour rejoindre son village : quelle chance, son chemin est aussi le nôtre et sa mule s’offre à alléger nos sacs en portant notre pique-nique. L’après-midi, décor surréaliste de nos joëlettes zigzagant entre d’énormes engins de chantier : HCE trace sa route. Délicieux beignets à la crème d’ipomée préparés par nos cuisiniers à l’arrivée au gite de Bab N’Ali, 1450m. Au choix : nuit en dortoir ou sous les magnifiques étoiles.

Jeudi 1er février : « Il était une fois dans l’Oued. »
5 au dortoir filles, 5 au dortoir garçons, 5 sous la tonnelle et 2 sous la pleine lune, le choix était large. Réveil givré en attendant le soleil du petit déjeuner. Départ tranquille vers Bab n’Ali (la porte d’Ali) pour grimper vers les paysages dentelés et sculptés par l’érosion. Le déjeuner dans l’oued nous offre baignade et petite lessive. La phrase du jour est pour Olivier : « qui mange de la harissa, échappe à la tourista » ! Celle de JP du même tonneau : « dans ce séjour gastronomique, elle échappe à la gastro Monique » ! ou de Matéo : « je suis au service, je veux qu’on ait 5 étoiles au restau Bab n’Ali-bert ».
Après une succession de mini cols, le bivouac est en vue et atteint à la course avec une arrivée au coude à coude des joëlettes de Pascale (Mehdi et JP) et de Thibaut (Olive et Nico). Nous sommes à Tagought, 1720m.

Vendredi 2 février : « Le soleil a rendez-vous avec la lune. »
... mais la lune n’est pas là et le soleil l’attend !
Après une nuit traversée par la pleine lune, les rayons réchauffent notre petit déjeuner. Départ vers le col de Tagought, la vallée d’Erazoun pour finir à Tifdassine, 1300m. Matinée de chutelettes sans peur ni mal. Repas au bord de l’oued suivi d’une baignade-toilette masculine.
L’idée est lancée d’une chanson pour remercier l’équipe marocaine en fin de séjour. L’air nous est soufflé par Mehdi, fan de Joe Dassin et de ses Champs Elysées.

Samedi 3 février : « Méchoui pour le jour de repos. »
Journée de repos. On ne regarde pas la montre mais cela n’empêche pas une balade joëlette dans les jardins du bord de l’oued. La mule d’Ali nous ouvre le chemin et le pique-nique. La surprise d’un méchoui nous attend au retour. Le four est toujours là, construit au précédent séjour HCE de 2015, fissuré mais encore en vie. Youssef met sa religion sous le boisseau pour nous offrir du vin local. Comme chaque jour, les temps « morts » des soirées sont ouverts aux jeux de dés, le Killer ou de tarot Africain.

Dimanche 4 février : « Longue piste. »
La journée commence par une bonne nouvelle. Après une nuit de disparition, l’appareil photos de Thibaut est retrouvé par Jean-Michel à 50 m du camp. A 5 mn du départ, atelier mécanique, un caillou s’en étant pris au frein à disque de Thibaut.
Etape de transition sur une longue piste agrémentée d’une baignade-lessive et qui nous mène à Assaka, 1584m. Douche tiède pour Laurent derrière les tentes : un seau d’eau chaude puis un seau d’eau froide...
Orion, Cassiopée, ... Véronique nous partage ses savoirs astronomiques.

Lundi 5 février : « Gouttes gouttelettes de pluie ... »
Mon chapeau se mouille, Gouttes gouttelettes de pluie , Mes souliers aussi...
La pluie de la nuit n’a pas effrayé les dormeurs de belles étoiles.
Lever de soleil à 0°. Piste tranquille et vallonnée sur le grand plateau, parsemée d’arrivées d’airs froids. Petits nuages bravant le soleil pour nous verser leurs giboulées de neige. Château « médiéval" en terre et en ruine au lointain. L’arrivée trop tôt au bivouac nous permet de prolonger par une balade au village en passant par la mosquée et l’école.

Mardi 6 février : « Au milieu coule une rivière. »
Joyeux anniversaire Jean-Luc qui passe un cap et renforce son expérience en joëlette avec une montée à notre point culminant du séjour, le Tizi (col) Tagmout à 2100m. Après une nuit glaciale à -5° portée à -10° par le vent, les 6 dormeurs de la demi-lune se réveillent les yeux remplis d’étoiles. Le soleil de 8h permet un petit déjeuner debout et dehors avant la montée au col. La descente se fait dans la neige mais sans les raquettes. Prudence et dextérité pour éviter les plaques de glace, pas toujours évitées mais sans gravité. Déjeuner au bord de la rivière, c’est un bien grand mot, avec scorpions et caméléon.
Arrivée au camp « Sans Nom » vers 16h30 et à 1625m.

Mercredi 7 février : « Gla-gla ! »
Au réveil le jerrican micropuré et la poche à eau lave-mains sont garnis de glaçons. Le matin se parcourt en ondulations avec en toile de fond le manteau blanc du Haut Atlas. La pause de midi grise les nuages qui nous parsèment quelques flocons et sonnent le branle-bas de combat pour les siesteurs.
Ce soir les barbares gaulois ont viré les berbères de la tente cuisine pour préparer à la française un délicieux et enrichi hachis Parmentier. L’humeur est joyeuse autour des feux avant ce repas pris tous ensemble. Nous sommes à Ait Youl, 1350m.


Jeudi 8 février : « Demandez le programme ! »

Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Chantal ...
Et oui, le programme a encore changé. Les menaces du ciel nous amèneront, en 4x4 ou à pied à travers les jardins de banlieue, au village proche d’Azlag, chez Mohamed, qui nous accueille chaleureusement dans sa grande maison avec sa nombreuse famille de 15 enfants. L’éclaircie de l’après-midi permet une promenade autour du bourg avec sieste méditative au pied d’un magnifique et gigantesque ruine de terre percée par le soleil.
Dernier repas préparé par nos cuisiniers et l’occasion de les remercier en chantant :

« Au Djebel Saghro (bis),
Au soleil, sous la pluie, à midi, à minuit
Il y a tous c’que vous voulez, au Djebel Saghro.

Au Djebel Saghro (bis),
On s’promène en joëlettes avec mules et muletiers
Qui portent notre barda, au Djebel Saghro.

Au Djebel Saghro (bis),
Les cuisiniers sont aux p’tits soins pour nous préparer des repas
Qui régalent tous les gourmands, au Djebel Saghro.

Au Djebel Saghro (bis),
Woua LMehdi si tu n’viens pas y’a Matéo, client kleenex,
Qui va te piquer ton boulot, au Djebel Saghro.

Au Djebel Saghro (bis),
Une balade dans les jardins, au creux de l’oued sous les palmiers,
Pour finir avec un méchoui, au Djebel Saghro.

Au Djebel Saghro (bis),
A Youssef, à Mustapha, aux 2 Lahcen, Mehdi, Moha,
Ali Aziz un grand merci pour ce beau séjour !!!.

Vendredi 9 février : « C’est le souk ! »
Ça sent la fin. Le bus nous attend pour une dernière virée. Passera, passera pas ? Le col de Tizi Tichka risque d’être fortement enneigé. Mais aux dernières infos ça passe. Halte d’une heure à Ouarzazate pour visiter l’association Horizon qui oeuvre de son mieux au service des personnes à mobilité réduite. Un petit tour rapide au souk pour quelques emplettes gourmandes, vestimentaires ou de souvenirs suivi d’un pique-nique au milieu de nulle part. La hauteur de neige au col Tichka (2260m) est impressionnante et les chasses neiges n’ont rien à envier à ceux des Alpes.
La douche, le diner et la nuit au « Coq Hardi », à 40 km de Marrakech permettront de faire bonne figure à notre retour à Lyon.

Samedi 10 février : « Encore un pneu crevé ! »
Après un rapide petit déjeuner, départ à 5h30 pour l’aéroport. Le pneu crevé du 4x4 est vite réparé et nous arrivons à l’heure fixée, 6h30, à Marrakech Menara. Aux-revoir émus à nos amis marocains. Nous laissons les 4 fauteuils sur place pour l’association Horizon.
L’escale de 3 heures à Casablanca permet de faire un bilan collectif de ce séjour qui a ravi unanimement tous les participants.

En conclusion :
une belle aventure à consommer sans modération !