Couleurs du Luberon - 22 au 29 avril 2017

25 janvier Reportages

Ce séjour a inauguré la saison 2017 en fanfare : explosion des couleurs, des températures, de l’armature du marabout... On vous raconte tout ça en images.

Vrai "faux moka" universellement connu.

Arrivée progressive d’une vingtaine de participants au séjour qui démarre au camping de Rustrel, à une dizaine de km d’Apt, au pied du « Colorado ».

Marabouts et tentes individuelles se montent rapidement tandis que « Monsieur Isidore », cuisinier émérite et doyen du groupe, a déjà préparé l’apéritif à côté des effluves prometteuses du repas qu’il mijote.

Didier, notre accompagnateur pour la semaine, décrit les étapes à venir, en précisant que nous sommes météo-dépendants... Un tour de table permet de se retrouver et tout le monde va se présenter, jeune ou vieux, très, peu ou pas expérimenté, ayant parfois déjà randonné ou séjourné ensemble dans un passé récent.

Il y a là Michèle, Isabelle, Romain et Paulo qui seront passagers, et Isabelle marchera avec un(e)guide. Il y a aussi Lou, 8 ans, avec sa tante, qui va nous accompagner et nous enchanter quelques jours.

Il n’ y a pas d’ âne sur ce séjour en boucle avec bivouacs quotidiens, et puis ils sont encore en repos avant la lourde saison qui les attend.

J 2 : 8 km D + 100 m

Dès le lendemain, initiation joëlette et départ pour un tour dans le « colored canyon » mais on y accède par voie fluviale.. !! Nous remonterons pieds nus une petite rivière, la Doa, avant de déboucher dans un cirque multicolore où dominent les jaunes, rouges et ocres encadrés par des sapins et genêts verts, le calcaire blanc pulvérulent faisant lisière de ces couleurs chaudes.

Des effondrements sporadiques libèrent des strates chatoyantes, rythmées par des colonnes coiffées de blocs de silex, préservant du ruissellement d’étranges cheminées de fées similaires aux vallées de Cappadoce. Un pique nique au soleil nous permet de profiter tranquillement du panorama, un peu à l’ écart des flux de touristes étonnés de nos équipages.

Belle journée chaude, mais la météo des prochains jours sera moins clémente.

J 3 : 12 km D + 380 m

Le lendemain, pliage du camp et mouvement vers les gorges du Calavon que nous allons remonter depuis une corniche surplombant le ruisseau parfois à sec. L’âpreté du paysage se fait sentir dans un sentier accidenté où les pilotes de joëlette essaient d’épargner leurs biceps, mollets, et les fesses des passagers… !

On passe au large du village de Viens, dans la forêt domaniale riche de vestiges des temps anciens, une dalle calcaire (de 30 millions d ’années) qui a gardé les traces d’animaux de l’époque, un rhinocéros tridactyle et autres descendants des dinosaures…

Bête à 2 doigts
Bête à 3 doigts

Car le Luberon était le fond de la mer et les dépôts successifs de vases ont formé des strates riches en empreintes et fougères, bien avant que les plissements ultérieurs ne chamboulent tout le paysage…

Le bivouac se fera près de la chapelle Saint Férréol, restaurée grâce à une association locale et une riche mécène (famille Picasso) qui réside à proximité. Une charmante retraitée nous sert de guide et nous parle des activités artistiques (peintures , musique, concerts) qui s ’y déroulent en été pour animer la région.
La Chapelle Saint Ferréol la bien-nommée : l’actuelle détentrice du brevet de la Joëlette n’est-elle pas la société Ferréol-Matrat ?

La Chapelle Saint Ferréol la bien-nommée : l’actuelle détentrice du brevet de la Joëlette n’est-elle pas la société Ferréol-Matrat ?
La Chapelle Saint Ferréol la bien-nommée : l’actuelle détentrice du brevet de la Joëlette n’est-elle pas la société Ferréol-Matrat ?

Les tentes sont montées à l’ombre de ces lieux vénérables, alors que le ciel se couvre de nuages non encore menaçants..

J4 : 13.5 Km D + 500m

Départ le lendemain avec une montée vers les gorges d’Oppedette, où l’on déjeunera avec une somptueuse vue depuis ce plateau fendu d’un étroit canyon rappelant les gorges du Verdon… certains depuis un promontoire en corniche vont apprécier le vide minéral sous la roue de la joëlette… !

Après une montée vers Sainte Croix la Lauze et de belles forêts de conifères et de chênes, redescente vers le prieuré de Carluc, étape religieuse depuis le 12ème siècle, mais qui a connu bien des malheurs ( les Sarrasins, la peste de 1348, la dépendance des évêchés voisins, Apt, la Révolution, l’abandon avant une reprise récente et un classement partiel aux Monuments Historiques (1960).

Il reste de ce lieu paléo chrétien une église (fermée ), des traces de galeries couvertes, des sarcophages et cellules monacales troglodytes mais partiellement écroulées, et des grottes ouvertes…

Le temps est menaçant, une petite pluie fine commence, le camp est monté près de la prairie et du ruisseau qui la traverse, chacun prépare son bivouac à l’abri, et le repas se déroule sans encombre dans la fraîcheur car le thermomètre a bien chuté..

J5 7 km D + 110 m

La pluie de la nuit, pas dense mais longue, a formé une « grosse »poche qui a pesé et déformé le bâti tubulaire…. et Isidore, réveillé vers 6 h, a vu sa cuisine enfouie sous la bâche qui n’ avait pas cédé…

Avant que la troupe ne se réveille, les acteurs matinaux ont évacué l’eau, ré-étayé la toile par des piliers de fortune, et le petit déjeuner a pu être servi sans trop de retard…

Mais la météo froide et humide, les nuages sur la route des crêtes (Mourre-Nègre alt 1015 m ) qu’il était prévu de gravir ont amené Didier à modifier ses plans et c’est vers Cereste que nous nous sommes dirigés, en suivant la via Domitia ( ancienne route Romaine reliant Espagne et Italie par la Provence).

Cheminement tranquille sur une Véloroute bitumée, plate, aménagée pour relier Saint Jacques de Compostelle à Rome, grâce à des fonds Européens… les pilotes de joëlette se sentent des ailes...

Rencontre avec un groupe de mineurs retraités de la région de Toulouse, traversée de la ville et ses vieilles maisons, puis direction le camping du grand Mas où l’on va pouvoir se sécher et prendre des douches chaudes... car il fait froid 4 à 6 ° le matin…

J 6 16 Km D+ 550m

Mais faute de voyager en hauteur, on va marcher de part et d’autre de la vallée vers des villages perchés, ainsi le déjeuner se fera à Saint Martin de Castillon, sur un grand espace où jouent les enfants, le temps est vif et froid, le paysage sur les crêtes en face dégagé et vallonné, nous y allons dans l’après midi, retraversant le Calavon pour remonter au Castellet et Auribeau, jolis villages de pierre blanche d’où l’on voit à l ’Est les préalpes enneigées et au nord le mont Ventoux et sa coiffe de nuages persistante. Un petit arrêt culturel auprès d ’une résidente locale nous informe sur les poteries du Luberon, la dénomination de l’impasse des amoureux, de la rue des calades, la tradition des petits anges au grand cœur, fraîches histoires locales… !

Isidore nous attend avec un vin chaud au parking à l’ouest du village, fin de journée en plein vent, belle vue, froid assuré pour demain, et effectivement les sommets seront blancs et les tentes givrées…

Didier, lors du repas sous la tente, nous explique la dernière étape qui va nous ramener vers le camp de base,

J7 : 13 km D+ 450 m

Après une nuit fraîche et ventée (mistral ..) départ pour redescendre vers Sagnon, puis aborder par la crête (pic de marie) la vallée des ocres par le haut et donc revoir la flamboyance du site en fin d’ après midi ( J7 : 13 km D+ 450 m) il fait beau pas de nuages, toujours du vent frais, le moral des troupes est au beau fixe , pas trop de Bobos, quelques épaules, dos et genoux surmenés, un intendant heureux comme les mangeurs-marcheurs d’avoir passé une bonne semaine…

Didier qui aime les belles histoires de Samivel, après avoir raconté le voyage vertical d’un gros caillou voyageur, nous enchante avec l’histoire de la distribution des couleurs de la nature, et son héros, le perce-neige…

Un dernier tour de table sur les émotions et ressentis de chacun traduit la satisfaction d’ avoir passé une bonne semaine, avec ses petites aventures, les emmitouflages polaires, les réglages de cale-pieds, brancards, les binômes d’équipages, les petites mains des travaux communautaires, invisibles mais utiles...

Dernière nuit au frais , lavage des joëlettes boueuses, et dès le matin pliage des tentes, inventaire des cantines puis photos souvenirs et départs étagés car il y a des trains à ne pas rater pour retourner à Nantes, Amiens, Clermont-Ferrand, Lyon…

Et puis certains vont se revoir au Mont Saint Michel encore un challenge HCE, en attendant la vingtaine de séjours cet été pour retrouver la magie du groupe et randonner ensemble, avec tous nos moyens , quels qu’ils soient… !

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