HCE au Maroc - Partie 2

25 janvier Reportages

Nous quittons le Haut-Atlas pour la Province d’Essaouira.
Derrière la vitre, les paysages défilent et le retour pointe son nez. Heureusement, il reste une semaine à vivre !

Samedi 17 juin 2023
 Journée de transfert vers Ikounnioun Province d’Essaouira

La première partie du périple était déjà grandiose ! Pour la relire, c’est ici : https://www.hce.asso.fr/HCE-au-Maroc-10-25-juin-2023.html. Le transfert jusqu’à la province d’Essaouira est l’occasion pour chacun de commencer à laisser mûrir les souvenirs que nous savons emporter dans nos cœur pour longtemps.

On a encore le goût de l’arôme du dernier café de ce matin : clou de girofle, cardamone sel et poivre. Les visages émus de Brahim, Ahmad et Driss nos chameliers, et du jeune Omar qui nous ont quittés ce matin. Pour la suite du voyage, l’équipe de Youssef compte toujours Mehdi, Lahcene et Mohamed, ouf ! En attendant la suite du voyage, on rêve à tous ces magnifiques paysages que nous avons traversés…

EN ROUTE POUR ESSAOUIRA !!!

La traversée du pays se fait par les fenêtres : Talioune, connue comme la capitale du safran, Agadir, Marrakech. C’est comme renouer avec le continent africain. La traversée d’Agadir est bouchonnée et irrespirable : nous sommes replongés dans une réalité bien différente de celle dont nous sortons. Toujours aussi fascinant que de prendre de la vitesse lorsqu’on vient de passer une semaine au rythme des pas… L’arrêt rapide au Carrefour nous paraît surréaliste : la bande de peaux tannées aux sacs poussiéreux qui débarque dans la grande surface a le sentiment de venir d’une autre planète. L’esquimau dans la voiture est une gourmandise qui en fait rêver plus d’un ! 20 cornets de glace chocolat pistache. On se marre d’être le premier à en faire une montagne, en reconnaissant que ça fait du bien !

Enfin vient la mer, que l’on devine splendide derrière la vitre. On ne résiste pas et on s’arrête quelques kilomètres avant d’arriver à destination, pour admirer le panorama magnifique qu’on a sous les yeux. Le bonheur !

L’arrivée à Ikounnioun chez l’habitant qui nous reçoit est un soulagement. On envahit toute la maisonnée avec tout notre bazar !

L’atmosphère est douce, et chacun organise sa paillasse pour la nuit : la famille qui nous reçoit se fait toute discrète et nous reçoit avec gentillesse : la pâte de cacahuètes concassées est un délice pour nos papilles, et on se lave grâce au puits et à la salle d’eau qu’on nous met à disposition.

La nuit à la belle étoile avec le ciel et l’océan comme toile de fond est inoubliable : sur les murs blanchis à la chaux, les lumières projettent les ombres de nos corps. On se croise aux différentes sorties de la maisonnée, puis tout le monde s’endort comme il peut bercé par le doux bruit des mobylettes curieuses, des moutons, des appels à la prière, du chien du voisin.. ;-)

Dimanche 18 juin 2023
 22H30, dans une joëlette – Igourar, haut d’une falaise

On ne s’attendait pas à cette journée. La première étape ’mer’ est extraordinaire. Nos yeux restent écarquillés devant le spectacle des falaises que nous dominons, puis des dunes de sable que nous dévalons comme des enfants.

La première baignade est euphorique : Yolande est ravie d’introduire le bal !

On garde en mémoire la longue et belle traversée de la plage immaculée jusqu’au village de Tafedna, avec ses petits bateaux en bois. On découvre un énorme coquillage-mollusque qui pique fort notre curiosité. Puis c’est le pique-nique comme on les aime, en quête d’un coin d’ombre qui voudrait bien rester tant les températures s’annoncent écrasantes. Puis il faut redémarrer avec une ascension difficile….

L’étape s’avèrera plus difficile que prévu : les chameliers avec qui nous avons rdv nous attendent à une plage située à 2H30 de distance plus loin que la plage prévue ! Un challenge supplémentaire, qu’il faut prendre comme l’occasion de nous retrousser les manches et de sentir de près le collectif qui œuvre ensemble jusqu’au bout.

Avec le filtre, nous pompons de nouveau beaucoup d’eau dans le puits que nous trouvons (ouf !) avant de reprendre l’ascension. Partis à 8H ce matin, nous arrivons éreintés à 20H au campement. Les mésaventures étant partie prenantes des aventures, on se sent très vite mieux, même si un orteil doit y passer ;-)
Et les beignets patates douces aident franchement à remonter l’énergie de la troupe !

Baignade au coucher du soleil au pied des falaises en haut desquelles nous sommes perchés, puis c’est la nuit qui embrasse tout, et la lune fine et scintillante au loin, toute orangée. Olivier boitille, Pascal soupire et sourit tout autant.. on est tellement fiers !
Le crayon me tombe des mains, je m’enfonce dans le sommeil...

Lundi 19 juin 2023
 7H, dans une joëlette – Igourar, lever du jour

La petite troupe se réveille doucement, et je contemple l’océan au lever du jour, laissant aller mes pensées sans chercher à les relier…

Qu’est-ce qui nous empêche, dans notre quotidien, d’oser nous échapper en arrêtant des moments, régulièrement, pour aller marcher ? D’autant plus que d’autres le souhaiteraient plus que tout au monde et ne peuvent se le permettre ?
Qu’est-ce qui nous fait croire que cela devrait être reporté pour une raison ou pour une autre, ou attendre jusqu’à la prochaine fois ?

Pourquoi faut-il souvent attendre la mise à l’épreuve, qui nous demande de sortir de soi, de revoir nos assurances et de nous dépasser, pour nous rappeler ce dont nous sommes faits ? Ce dont nous devrions être capables au jour le jour ?

La conduite d’une joëlette est une belle métaphore de ce qu’est la vie, dans le fond. Pour les accompagnateurs comme pour les passagers, c’est la recherche d’un équilibre à trouver : de soi aux autres et de soi à soi, de ce qu’on s’autorise à déléguer ou à dissimuler. Du faux pas à éviter aux élans à prendre au bon moment, de l’attention à porter au sol qui nous accueille et de l’adaptation à trouver pour l’épouser de la roue ou du pied. On réalise qu’on ne tiendrait pas longtemps debout tout seul et qu’à vouloir parfois trop contrôler, on peut empêcher tout l’ensemble de se mouvoir : la joëlette peut filer avec aisance tout comme peser très lourd selon ce qui s’entendra de son équipage. Avancer peut signifier déléguer : une belle leçon d’humilité.

Le petit déjeuner nous attend. Le réveil est doux, après une nuit à la belle étoile avec comme fond sonore le fracas des vagues sur les falaises.. Dérouillés grâce aux pains délicieux, nous pouvons partir pour l’étape de la journée dont on sait qu’elle sera très courte, vu la distance avalée la veille. Le sourire est sur tous les visages, et l’on se sent si chanceux de vivre cette aventure !

C’est parti pour le chemin jusqu’à Iftana, la petite baraque de plage dont tout le monde rêve ! Les dromadaires sont chargés, on attaque la traversée de la plage et on les distance : bientôt, ils disparaissent complètement de notre champ de vision.

La dernière ascension est intense, et chaque équipage donne tout ce qu’il a pour se hisser jusqu’au village. Pascal semble avoir décidé de continuer son entraînement d’athlète puisqu’il décide de prendre seul la dune et nous le regardons la gravir avec énergie, et nous attendre en haut. Sacré Pascal ! Heureusement, les passagers sont toujours là pour encourager les accompagnateurs, avec cet humour qui nous manque tant une fois qu’on rentre d’un séjour HCE ;-)

Après une pause foot avec des enfants du village, nous arrivons sur la plage idyllique de Sidin Bar où nous attend un repos mérité chez l’ami d’Olive. Baignade à volonté, jeux, crêpes, musique, dîner avec un buffet de sardines que nos amis marocains sont allés chercher en camion exprès... On ne racontera pas tout, sinon vous penserez qu’HCE c’est les vacances ;-)

Vendredi 23 juin 2023
 Minibus de transfert jusqu’à Essaouira

C’est la dernière courte étape avant Essaouira. On ne veut tellement pas s’arrêter qu’on a bien du mal à laisser sa place à la conduite des joëlettes et à se partager les efforts, c’est pour dire :) Dans le paysage, le ciel semble prendre de plus en plus de place et petit à petit disparaissent les falaises et les dunes derrière nous.

On court avec les joëlettes, comme pour se crever encore un peu car c’est la dernière, inscrire dans nos corps les derniers efforts, on slalome, on rallonge la dernière ligne droite dont on refuse de voir le bout. Il faut à tout prix éviter d’arriver trop vite pour gagner encore un peu de temps de vivre.

ESSAOUIRA

Nous l’attendons avec impatience : la 24e édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira ! Ce festival est devenu un incontournable du continent africain, et dans les termes de sa productrice Neila Tazi, il "va bien au-delà d’une simple manifestation culturelle : c’est un projet qui a milité pour la reconnaissance d’une culture marginalisée et la renaissance d’une ville qui était, elle aussi, un peu oubliée. Un projet qui a œuvré pour l’accessibilité de la culture à tous". Avec sa programmation foisonnante, nous découvrons des musiciens en provenance des 4 coins de la planète : plus d’une quarantaine de concerts répartis à travers la ville qu’ils prennent d’assaut ! Il faut s’attendre à un monde fou qui va contraster très fort avec ce qu’on vient de vivre.

Pour terminer de présenter ce qui nous attend, je copie-colle ce texte du site officiel de l’événement :

Depuis sa création, le Festival a eu pour volonté d’inscrire l’événement dans la ville d’Essaouira, en mettant en avant l’authenticité et le charme unique de cette cité. Au total, ce sont plus de 20 lieux dans la médina qui ont accueilli des concerts : Marché aux grains, Sqala, Zaouia, riads ou scènes en plein air... Mais le festival, c’est surtout cette ambiance magique, où les festivaliers croisent sans protocole dans ses ruelles les musiciens, les journalistes, les Souiris pure souche ou les « people » présents. Et où à chaque coin de rue, résonne la musique et bruisse le souffle du Festival.

Samedi 24 juin - Dimanche 25 juin 2023
 Dernier écrit, sur le chemin du retour/ dans le minibus pour l’aéroport de Casablanca.

Jusqu’à la fin du séjour, nous aurons eu la chance de nous sentir comme chez nous.

Comme chez nous à Essaouira dans l’appartement multicolore à deux étages où nous avons pris nos quartiers. Comme chez nous dans cette ville où nous nous perdons dans les petites ruelles qui changent de peau selon la lumière du jour.

Comme chez nous rue Leopol Sedar où Youssef s’amuse de nous voir installer en pleine rue le dîner sur le pas de la porte le premier soir.

Comme chez nous dans Essaouira où nous déambulons dans la médina, au marché au poisson et serpentons à travers la ville.

Comme chez nous sur les scènes du festival où nous traçons nos sillons dans la foule que nous émouvons, que nous bousculons de l’intérieur, avec notre présence osée, affichant avec fierté le groupe de sacrés éclopés que nous formons tous ensemble.

Comme chez nous désormais à suivre les rythmes : repas, nuits (très) courtes, danses qu’on ne voudrait plus arrêter.

Intrigués, les locaux nous aident à nous retrouver quand nous sommes éparpillés dans la ville, évoquant en effet ce groupe de brancards qui est passé il y a quelques minutes, prenez à droite puis à gauche vous devriez tomber dessus car on ne peut pas les rater. La foule, compacte, n’aura pas eu raison de notre volonté de danser ensemble et de nous retrouver quoi qu’il arrive.

Pour terminer, le très beau bilan de Pascal embarqué dans l’aventure :

M.A.R.O.C

"M comme MERCI , d’avoir été retenu comme Handi Marchant, cela a été un plaisir immense de faire ce trek en terre Marocaine. C’était pour moi un nouveau défi, certes sur le plan physique mais aussi et surtout pour éprouver ce corps en bivouaquant durant 15 jours.
Une belle expérience qui permet d’entrevoir de belles escapades à venir et d’aller encore plus loin !!

A comme AMYSSINE, 1er spot marocain ou l’aventure prit une tournure particulière, étape qui a vu le départ de Christophe. Décision probablement difficile à prendre mais qui met en exergue le juste équilibre à trouver dans une gestion de groupe. Merci à Aurélien qui a assuré la fonction d’AEM !

R comme RENCONTRES, l’essence même d’HCE. Venant des 4 coins de France, l’alchimie collective a de nouveau opéré. Il y avait les chabanis et les chabanettes aguerris et les chabanis et les chabanettes en devenir, cette richesse intergénérationnelle entre l’insouciance et la sagesse. Même si l’auto dérision reste de mise dans ces séjours, je suis très admiratif de la serviabilité et de la bienveillance de tous les instants à mes compagnons de joëlette et à mon égard. A ce groupe, je n’oublie pas Medhi et Lahcène, nos marathoniens marocains pour leur aide précieuse dans la manipulation des joëlettes.

O comme OMAR, le roi du Pikomino

C comme CONFORT, d’abord au sens propre, car sans la dream team de Youssef, ce séjour n’aurait pas eu la même saveur. Merci aux muletiers pour leur gestion du camp, le démonter chaque matin, nous devancer, pour ainsi nous permettre d’être à l’ombre lors des pique-nique de midi dans des spots grandioses. Merci au boulanger pour les petites sucreries du goûter et le bon pain du matin. Merci au cuisinier d’avoir mis les petits plats dans les grands, c’était aussi beau que bon !!

Mais CONFORT se conjugue aussi au sens figuré : regarder le soleil matinal percer les nuages, dévaler les dunes face à l’océan, faire sa toilette dans la rivière, se brosser les dents devant le SIROUA, dormir à la belle étoile ou sous la tente berbère aux sons mélodieux des ronflements est un confort, je dirai même un luxe, "un luxe de se sentir libre sur ma joëlette" comme dit si bien Yolande.

C’est, je dirais, tout simplement VIVRE avec un V majuscule."

Reportage Adèle Godefroy