Week-end à Argentat

C’était un week-end en forme de réponse.
Frédéric, nouveau créateur de l’association « handi-cap Nature », nous avait suivi il y a deux ans lors d’un week-end initié par Christian jusqu’au « Plomb du Cantal ». Il avait aimé avec nous ce grand bol d’air pur, pimenté d’efforts et sucré d’amitié. Pour l’heure, fort de sa nouvelle association aux allures de sœurette d’HCE, il voulait, lui aussi, nous donner à voir…

Et on a vu, ça, croyez-moi, on a vu !!
La plupart d’entre nous sont arrivés le vendredi soir (dont votre reporter) au domaine de Meilhac à Hautefage en Corrèze où nous était réservé un grand gîte dans une ancienne colonie de vacances dont les chambres et l’aménagement avaient gardé ce côté « dortoir » et « réfectoire » qui donnait à notre hébergement un côté « réunion d’anciens potaches ».

Les embrassades et l’installation suivies du repas « hors sac » (qui, vu son ampleur devait être une hotte) furent le hors d’œuvre de ce week-end sportif.
Dès le lendemain matin, nous nous retrouvions tous à Monceaux sur Dordogne où les joëlettes furent montées et d’où nous partîmes aussitôt à l’assaut d’un sous-bois magnifique.

De temps en temps, une branche de genêt caressait de son humide main feuillue un visage tandis que l’œil bleu, étonné, de violettes de fossé nous regardait passer. « Oh le beau genêt ! », s’exclama Annabelle (de l’association la Dordogne, de village en barrages).

« De quoi, de quoi, répondit Dominique tireur de joëlette déjà assoiffé, oh le beaujolais ?? » et les rires de parcourir la caravane comme les cailloux qui roulaient sur le chemin et les gargouillis du ruisseau de Malefarge que nous longions.

Nous parvînmes donc à notre premier sommet pour admirer un panorama enchanteur mais la pause fut courte et nous repartîmes dans notre ascension du Puy Lagarde composé de virages difficiles. Nous avons suivi une ligne de crête avec de nombreuses palombières qui nous rappelaient combien le sport du tir à la palombe est encore vivace dans la région, pour arriver, essoufflés et heureux à l’aire de décollage des deltaplanes de Bros.

Nous nous sommes reposés là un bon moment. Nous regrettions de ne pas avoir amené nos casse-croutes ; mais une météo pluvieuse nous en avait dissuadés : nous fûmes donc obligés de redescendre à Monceaux pour pouvoir manger dans une salle mise à notre disposition par la Mairie, car les estomacs grondaient sérieusement…

Nous repartîmes vers 15h, une fois le plein de forces renouvelé. Et nous allions en avoir besoin car l’ascension du puy du Tour ne fut pas aisée ! En effet la pluie avait transformé notre chemin en gadoue dans laquelle pataugeaient les marcheurs et glissaient les joëlettes. La force et la prudence étaient donc nécessaires pour ce tronçon très technique.

Au sommet, nous attendait une nouvelle aire de parapentes devant le panorama époustouflant d’une large rivière (la Dordogne) aux allures de serpent géant, endormi dans son lit de verdure, dont le soleil faisait miroiter les écailles en reflets.

Plus loin, dans le sous-bois, la reconstitution d’une cabane gauloise, telle qu’en fabriquaient nos ancêtres égaya notre curiosité.
Mais une fois le sommet atteint, il fallut bien redescendre ! C’est ce que nous avons fait, par un chemin moins ardu. Il pleuvait bien à ce moment là, mais valides comme handicapés ne sentaient plus rien et c’est en chantant « Douce France, cher pays de mon enfance » que nous avons débarqué sur les quais de la Dordogne où Gégé (même association qu’Annabelle) devant une gabarre, la voix ferme et le timbre clair, nous a expliqué la construction et l’emploi du mastodonte.

La forte embarcation de bois ressemblait à un char d’assaut de rivière et malgré la pluie nous écoutions tous religieusement la voix de conteur de Gégé nous parler des temps anciens.

Lorsque nous quittâmes les quais, ce fut pour prendre un passage raide et pentu mais bon raccourci, qui nous mena vers une salle où nous attendaient petits gâteaux et jus de fruits. La fatigue commençait à se faire sentir, mais l’accueil chaleureux et sympathique décoinça les zygomatiques.
Petit à petit, chaque chauffeur alla chercher sa propre voiture et tout le monde quitta le point de rencontre pour regagner le gîte de Meilhac où nous savions qu’un bon repas gastronomique nous attendait dans la salle de restaurant.
Le soir, nous chantions dans le restaurant « A joëlette », le remake de la chanson de Montand « A bicyclette », pour nous prouver que nous avions encore de la voix , tandis que Frédéric Farge nous servait du vin et que les assiettes se vidaient rapidement (la joëlette, ça creuse !)

A près une (petite) nuit de sommeil (j’en connais qui aurait bien fait une grasse matinée !), nous repartions en voiture pour Nougein vers le Roc du Buzatier.

Là, Frédéric nous fit emprunter un G.R. de Lapleau. Nous longions en fait la Dordogne, qui apparaissait au hasard des rapprochements de ce balcon naturel.

Nous passâmes devant des lieux lourds de légendes, comme le « fauteuil de Dieu » signalé par la statue de pierre d’un aigle.

Notre chemin serpentait dans des sentiers caillouteux, difficilement praticables, où tous les efforts étaient nécessaires aux manipulateurs de joëlettes. Ce n’était que lacets au milieu des grands châtaigniers surnommés ici « les arbres à pain » tant ils furent source de nourriture pour beaucoup de paysans par le passé.

Nous arrivâmes d’ailleurs à une jolie maison de pierres qui se révéla être un séchoir à châtaignes. Plusieurs d’entre nous, curieux, le visitèrent.

Nous descendions toujours aussi difficilement ; la matinée s’écoulait entre bosses et cailloux dans les sous-bois émaillés de ciel bleu en puzzle, lorsque nous arrivâmes à un improbable « jardin de cocagne ».

Il s’agissait d’un endroit où la forêt avait été méthodiquement trouée pour faire naître dans cette clairière artificielle un jardin plein de fleurs, se jouant de la pente grâce à de larges terrasses en escaliers. L’endroit, charmant, s’appelait, « le jardin de Bardot ». En l’absence de Brigitte, nous décidâmes d’en faire notre jardin de pique-nique, laissé aussi vierge au départ qu’à l’arrivée, malgré quelques fleurs écrasées par les corps assoupis d’un ou deux tireurs de joëlette épuisés.

En sortant du jardin de Cocagne, nous prîmes un autre chemin qui nous ramena au Roc du Buzatier où Annabelle nous offrit une dernière pause jus de fruits. Nous étions en surplomb de la Dordogne ; une avancée naturelle permettait aux téméraires d’approcher le vide et plusieurs s’y firent photographier.

Cette pause sonnait la fin du week-end, tandis que Floriane, toute à sa joie et à son enthousiasme, criait « Merci, merci !! » dans l’écho de son propre rire. Là, se firent les adieux, les sourires embrumés de fatigue et d’émotions, les « mercis » les « à bientôt ».

Le soleil fit miroiter encore une fois à nos yeux les écailles de la belle Dordogne endormie dont l’image fascinante s’imposa dans nos rêves pendant plusieurs nuits.

A quand les retrouvailles ???

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