Val Montjoie du 25 juillet au 1er août

16 octobre Reportages

« C’est une petite vallée suspendue entre Saint-Gervais, les Contamines et le col du Bonhomme où coule un torrent, le Bon-Nant. Le Val Montjoie offre une multitude de paysages : cascades, gorges impressionnantes, prairies paisibles, forêts, fermes et villages traditionnels, sans oublier le magnifique panorama ouvert sur le Mont-Blanc, l’aiguille de Bionnassay et les Dômes de Miage ». Ainsi nous a présenté Cécile, notre Accompagnatrice Montagne, les lieux qu’elle s’est proposé de nous faire découvrir à partir des Contamines-Montjoie.

Ce samedi après-midi, non seulement tout le monde est là mais le marabout est monté et les derniers préparatifs sont en cours pour un moment qui s’avèrera chaleureux et convivial. Sept nouveaux accompagnateurs et trois personnes en situation de handicap (Thibaud, Laurent et Olivier vont effectuer leur premier séjour. On retrouve avec plaisir Kevin et Aurélie venue en dernière minute remplacer une personne empêchée.

Le tour de table est émouvant : il faut certes reprendre tous les prénoms déjà cités et ce n’est pas une petite affaire pour les derniers mais les passagers parlent avec simplicité de leur handicap et mettent tout le monde à l’aise en ce début de séjour.

Ce dimanche matin, on se familiarise avec nos véhicules, la joëlette : montage, démontage, conduite, équilibre, traction …

Puis c’est une montée dans la forêt jusqu’au plan d’eau des Tappes. Beaucoup ne résistent pas à l’attrait de ce lac. On se souviendra longtemps de l’entrée éclaboussante d’Aurélie et de celle beaucoup plus progressive de Thibaud qui se délecte à faire la planche dans ce site très agréable.

La soirée sera fort arrosée, il s’agit de la pluie bien sûr. Serrés autour de la table sous le marabout nous nous initions à une partie de dés qui enthousiasme ou désespère.

Ce lundi la pluie a su bien se conduire. Elle s’est arrêtée tôt ce matin. Par de magnifiques mais raides sentiers, nous montons vers le téléphérique. Un luxuriant massif de rhubarbe attire notre attention et suscite notre admiration. La jardinière est prête à tout donner. « nous repasserons ce soir », « Je serai là. A plus tard ». Avouons que cette dernière réplique nous laisse incrédules.
Encore un effort et nous pique-niquons dans un site remarquable face aux dômes de Miage. Superbe. Retour par le même chemin. Notre jardinière nous attend et Cécile et Pascal sont invités à faire leur choix et aussi à quelques facéties.

Ce soir de jeunes sportifs font la promotion d’un plat à tarte qui ne présente que des qualités. Il est même biodégradable
 ! D’où venez-vous, accortes jeunes filles et charmants garçons ? De Lyon. Qu’y faites-vous ? Nous finissons notre formation STAPS à Lyon 1. Handi Cap Evasion, cela ne vous dit rien ? Ben… non. Ça alors !....Ils nous assurent que mi-octobre plusieurs d’entre eux viendront nous voir à la fête du sport et de la danse. Rendez-vous est pris.

Ce mardi est un grand jour. D’abord une première : ouverture de la voie Thibaud ! Ne le dites pas même si beaucoup le savent : c’est l’anniversaire de ce dernier. On va d’abord fêter l’évènement en prenant un sentier très abrupt, qui serpente parmi les pierres avec des virages tellement serrés que sans beaucoup d’attention on enverrait son pilote ou ses accompagnateurs dans le décor.

Corde peu utile sauf dans la dernière ligne plus ou moins droite où toutes les énergies sont mobilisées pour accéder au replat.
Laurent nous laisse coi : en redescendant chercher les autres joëlettes nous le croisons : en compagnie d’une accompagnatrice, il gravit la pente avec le calme et flegme d’un gentilhomme. Si vous entendez parler de la voie Thibaud, s’il vous plaît, ne vous étonnez pas. Handi Cap Evasion est passé par là.

Prairie accueillante face à la chaîne du Mont Blanc. Descente rapide sans difficultés si ce n’est qu’une plaquette de frein a choisi de se faire la belle. Surprise certes, mais la guide a vite repéré le long de la piste, un nid de verdure où elle ira gentiment coucher le véhicule. Arrivée sans encombre grâce Stéph et à quelques cordes qui serviront de freins d’urgence.

Anniversaire de Thibaud ; Pascal s’est procuré des gâteaux locaux qui rencontrent l’approbation de tous. Rires, discours, applaudissements. Rien n’a manqué pas même les bougies fort originales comme vous pourrez le voir.

Si la soirée précédente a été lumineuse à tous égards, ce matin est gris et peu engageant. Finalement on décide de partir sur une piste qui nous mènera au-dessus de l’auberge de Colombaz. La pluie nous rejoint. On tend une bâche contre un chalet. Claude escalade la façade pour la fixer et découvre des clés qu’il remet soigneusement à leur place. Arrive un 4WD. Son conducteur finalement très avenant nous rassure : « Vous avez bien fait »Il parle même d’ouvrir son chalet et pour ce faire grimpe contre la façade pour redescendre avec les clés. Remarque de Claude, impassible : »Tiens, c’est là que vous cachez les clés ?.... »

Descente sous une pluie battante. Fi de cette piste. Virage à droite sous les pins. Descente ludique, slides dans la boue ou sur les racines trempées. Le campement n’est pas loin. Oh surprise, oh réconfort : un vin chaud nous attend. Merci Pascal.

Le fameux bivouac d’autant plus attendu qu’il a été repoussé à plusieurs reprises est présenté par Cécile dans un discours qui restera dans les annales. Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris. Elle a parlé de « là-bas, d’en-haut, plus loin, enfin vous voyez… », pour terminer avec « ailleurs, l’ailleurs ». Voilà qui est clair. Tonnerre d’applaudissements. On sait de quoi il en retourne.

Direction la Giettaz via le Pont Romain, magnifique ouvrage sur le torrent dans des gorges impressionnantes puis la Combe Noire où nous pique-niquons. Arrivée à une sympathique clairière à la Giettaz. Installation, feu, polenta aux cèpes (je vous la recommande) et animation par Pascal et Delphine : retrouver l’auteur et le titre d’une chanson à partir d’une phrase ou expression du texte. Olivier se déchaîne. Au petit matin on découvre quelques duvets givrés. Ils sècheront au pique-nique de midi, ce qui évoquera davantage un camp de nomades qu’une pause de Handi Cap Evasion.

Mais qu’il est donc long ce soleil qui illumine les sommets alentours à atteindre notre lieu de bivouac ! On partira avant qu’il n’arrive. La rude montée vers l’Alpage des Prés puis le Chalet des Prés nous requinque. Des arrêts bien sûr : la joëlette qui décidément n’en fait qu’à sa tête a décidé de freiner dans la montée. Steph, notre mécanicien doit désactiver le frein. Il faudra le remettre ou du moins essayer, ce qui permettra à David, Manu, Flo d’organiser une partie de boules avec de petits cailloux. Et le cinquante ? Les longues tiges de graminées en feront office.

Descente raide sur la voie romaine. La quatrième joëlette attire l’attention, retenue qu’elle est par deux cordes et des accompagnateurs. Laurent, le passager, ne semble pas bouder son plaisir. Laissons-lui la parole : «  Lors de la dernière journée, nous avons réalisé une descente en joëlette assez sympa ! Cette descente a été très drôle puisqu’elle s’est passée sur une joëlette sans frein, et j’ai trouvé ça super fun ! Moi qui suis assez casse-cou, j’ai trouvé ce moment réjouissant. Globalement l’ambiance dans le groupe a été très bonne et en tant que personne handicapée j’ai été très content de pouvoir redécouvrir les Alpes ».

Ce dernier soir, s’il en était besoin, Claude réchauffe l’atmosphère en fêtant son anniversaire.

Le Val Montjoie …. Rarement une vallée aura aussi bien mérité son nom : des jeunes ouverts, solides, prêts à prendre des responsabilités, attentifs aux passagers. Bonne intégration de tous. La mayonnaise a très vite pris. Beaucoup d’entraide et de solidarité. Bonne humeur, blagues, contrepèteries etc… Bon été à tous et à l’an prochain.