Randonnée du tacot, le 15 septembre 2013

La météo était annoncée exécrable : fortes pluies, rafales de vent, températures en baisse. La soirée de samedi confirmait ces sombres prévisions et une trombe d’eau sur la région de Morgon dimanche matin inquiétait Yvette. Finalement c’est vingt participants qui, bravant brumes et ondées éparses se dirigeaient vers Pouillly le Monial, point de ralliement et de départ pour une journée de marche et d’échanges sur la voie du Tacot.

Lucien nous a constitué un assemblage impressionnant (pardon d’utiliser ce mot dans une région qui crée ses nectars à partir du seul gamay) : jeunes de 4 à ???? ans, nouvelles et nouveaux, « rescapé(e)s » d’un premier séjour l’été dernier et anciens blanchis ou déplumés non sous le harnais mais sous la sangle des joëlettes.

La mise en place est rapide avec de discrets et rapides coups d’œil vers le ciel. Après le quart d’heure lyonnais pour laisser une chance aux absents, le groupe descend à travers le village, franchit le ruisseau de Pouilly sur un petit pont de bois (oh combien glissant !) pour remonter sur la voie du Tacot, cette ancienne ligne Villefranche-Tarrare des chemins de fer du Beaujolais.

Lucien a tout prévu : à commencer par des informations précises et complètes qu’il a consignées sur des feuilles qu’il sort de son sac pour un exposé de maître de conférences. Cette réalisation dont la gestation a duré quelques décennies pour des travaux finalement exécutés en trois ans (1898-1901). Impressionnant de rapidité mais qui peut expliquer des incidents voire des accidents bien regrettables. Vitesse 15/16 km heure : la joëlette est presque compétitive. Pente 29/1000 : une chance qu’on n’ait pas oublié les cordes !

Marche agréable souvent sous les arbres qui ont toute liberté pour se développer depuis 1934, date de fermeture de la voie. Des paysages magnifiques vers la vallée, les villages, aux constructions en pierres dorées dont l’impressionnant château de Jarnioux que nous visiterons en fin de randonnée.

René attire notre attention sur les cadoles, abris de vignerons en pierres sèches souvent intégrés dans un mur, dont les pierres plates se décalent pour former à l’intérieur une voûte et à l’extérieur un toit arrondi étanche.

Un peu avant midi, un choix : soit monter un raidillon sévère, soit contourner la bosse par la route. Aucune hésitation, on prend le plus difficile. La joëlette n’a rien à voir avec un tacot et les accompagnateurs ne vont pas à un train de sénateur. Une haie touffue nous abrite des rafales d’un vent frais et humide. Un petit vin nous requinque et quant à l’avalanche de desserts, elle devrait nous permettre de rallier la gare de Theizé sans petit creux.

Encore une magnifique gare, en pierres taillée, aux encadrements de portes sculptés, aux toits à deux croupes. Manifestement les chemins de fer du Beaujolais ne faisaient pas les choses à moitié.

C’est la journée du Patrimoine. N’est-ce pas l’occasion d’aller faire un petit tour dans le château de Jarnioux que nous avons vu depuis le coteau du Tacot ? Accueil fort civil du propriétaire qui après quelques instants d’attente nous accompagne dans la cour, nous présente les bâtiments les plus significatifs du XIII° à nos jours et non sans humour évoque la grandeur et les servitudes d’un tel héritage.

Par monts et par vaux, en bref par de fortes montées et raides descentes nous rejoignons Pouilly. Fidèle à ses habitudes, Lucien nous a préparé une collation. Hélas, cette année, il n’y a pas de Paradis, ce vin nouveau toujours apprécié. L’année est en retard. Nous avons vu dans les vignes, ces grappes ravies d’avoir profité des pluies de ces derniers jours mais qui attendent, inquiètes, la chaleur qui transformera ce jus encore un peu acide en un nectar délicieux. A quand le Beaujolais nouveau cette année ?

Merci à tous et d’abord et surtout à nos quatre passagers et à René. Ils ne se sont pas laissé impressionner par les conditions atmosphériques. Le ciel s’est contenté d’un petit coup de brumisateur, manière de nous rappeler que dans toute prévision météo il y a une parcelle de vrai. Merci à Lou qui non seulement a convaincu son papa de venir mais s’est révélée une marcheuse infatigable. Bravo aux nouvelles qui ont très vite trouvé leur place à la joëlette. Quant à Lucien, égal à lui-même : calme, souriant, optimiste et une organisation impeccable.