Queyras - Tête de la Cula - 31 juillet au 8 août 2021

25 janvier Reportages

Moi, petite sacoche de joëlette sans ambition, j’ai envie de vous raconter l’histoire extraordinaire de quelques hommes (extra)ordinaires. Une histoire merveilleuse, dont le miracle recommence chaque année, avec d’autres visages, d’autres noms, mais toujours le même cœur.

Tout a commencé le 31 juillet 2021. J’étais confortablement installée dans mon camion, au chaud, et j’écoutais Charlot (qui s’impatientait un peu à l’arrière), quand soudain... brans-le-bas-de-combat ! Nous étions arrivés au camping de Ceillac, dans le Queyras, et c’était l’agitation : on montait le marabout, on descendait les malles d’intendance, on se questionnait sur le tipi, et on s’inquiétait de la pluie tout en essayant de se rassurer avec bonhomie.

La bonne humeur était de mise, sauf que… finalement, malgré tous nos espoirs, le ciel a déversé des torrents de pluie sur le tipi et les tentes (assemblés avant l’orage, heureusement !). Pour essayer de manger au sec, mes bipèdes adorés ont assemblé des toiles de tarps à l’aide de pinces à linge et de bâtons de marche : je suis au regret de vous annoncer que malgré leur bonne volonté, ce drôle d’assemblage n’a pas résisté au vent et que le tout s’est écroulé au moment du fromage… Vous auriez vu cette envolée de moineaux et leurs cris d’effraie, c’était très drôle ! Mais ils se sont grandement améliorés par la suite mes petits McGyver, je vous rassure. En tout cas, pour une première soirée, ils se sont réchauffés à la chaleur humaine ! Sans connaître encore les noms de chacun (impossible de faire un tour de table dans ces conditions de fin du monde), l’entraide était déjà de mise…

Le lendemain matin s’est levé dans la brume, et pour certains participants, les pieds (quand ce n’était pas le reste) dans l’eau.

Enfin, les lunettes girly de Noémie donnant le ton, le soleil pointe finalement son nez après le petit-déjeuner, au soulagement de tout le monde. La navette Zou nous klaxonne joyeusement (elle le fera tous les matins) et je rejoins ma joëlette pour cette matinée de formation. 7 nouveaux pilotes, ça se fête ! Et ils se sont débrouillés comme des chefs !

La balade était « roulante » (pour reprendre l’expression favorite de Stéphane) et chacun a pu s’essayer à différents postes, jusqu’à ce que les ventres crient famine. Sous les exclamations de certains « on a faim ! », nous nous arrêtons. La pause dej’ est bienvenue, et nous en profitons pour « faire les iguanes » (dixit Stéphane) au soleil, jouer aux cartes ou même faire la sieste pour certains (à leurs risques et périls).

Au lieu du camping sauvage prévu ce soir là, nous redescendons au camping de Ceillac (notre camp de base) car il est encore annoncé du mauvais temps dans la soirée. Et effectivement, un vent glacial se lève au moment de l’apéro : il est compliqué d’installer le dîner ! Heureusement, la visite inattendue de Lydie (intendante locale) et de son mari égayent un peu la soirée, et Bernie et Hugo s’occupent d’animer le repas en jouant au frisbee : la première avec des bouchons tandis que le second lance carrément la bouteille sous les fous rires généralisés. Seb et Guillaume font du lancer de melon (sans en mettre un seul à côté !) mais Bernadette se « fâche » lorsqu’il est question de faire pareil avec le pain : on ne rigole pas avec le pain, c’est sacré !

Lorsque la nuit étend enfin son emprise sur le ciel, c’est une féerie d’étoiles (parfois même filantes !) à côté d’une lune magnifique qui éclaire doucement le campement. Les « pisse la nuit » de 4h du mat’ ont pu en profiter !

Au matin, le prix de ce ciel clair est une température hivernale : une partie du petit-déj’ a gelé dans la nuit et le Nutella tord la cuillère qui essaie vainement de l’attaquer ! Premier pliage du tipi par nos scouts : une épreuve qui réchauffe ! Enfin, toujours moins que les 2 chevreuils en rut qui nous offrent un long spectacle de leur parade amoureuse, une danse nuptiale sous forme de course poursuite infinie dans le champs en face du camp. La chevrette est sans doute passée à la casserole, mais nous partons sans avoir le fin mot de l’histoire, non sans quelques blagues bien senties…

Ça monte dur ce matin : ça met dans le bain ! Il faut s’entraîner : la tête de la Cula, ça se mérite. Les chant de marins de Chloé aident à marquer le pas, et à avancer, même lorsque nos vaillants pilotes n’arrivent plus à respirer…

Enfin, ils récupèrent vite car les blagues et les devinettes fusent pendant les pauses et maintiennent les esprits en alerte… voire en frustrent quelques-uns ! (alors, ça touche ou ça ne touche pas ?!)

Mais le bon déjeuner (merci Bernie !) sous les mélèzes dont le tapis d’aiguilles fait un matelas moelleux, réconcilie tout le monde, même ceux qui n’ont pas réussi à dessiner la lune ! Le mystère des 19 nectarines (pour 20 personnes) laisse Bernadette perplexe…

Pour ma part, je me régale des magnifiques paysages qui ont défilé toute la journée devant ma joëlette… Que c’est beau !

Finalement, nous n’avons pas été tout au sommet, mais nous nous arrêtons pour la nuit dans une jolie prairie, au bord d’un ruisseau, où... horreur ! Certains osent même se baigner ! Brrrrr j’en ai froid rien qu’à vous le raconter ! Moi qui suis gonflée à craquer des capes de pluie, plaid pour les jambes et cape polaire de ma passagère, je suis bien contente de rester sur ma joëlette. Ils sont fous ces romains !

Et au dîner, le nain chapardeur (vous savez, celui qui pique vos chaussettes dans les machines !) continue ses farces puisque nous n’avons que 19 soupes (toujours pour 20 personnes…) : Bernadette s’arrache les cheveux !

Enfin, c’est moins grave que de perdre 5 personnes, parties explorer d’autres sommets… En effet, n’ayant pas trouvé la journée assez difficile, Guillaume, Lucas, Thibaut, Jules et Louis décident de se faire un col de plus et rentrent à la nuit tombée. De toute façon, ils auraient perdu le pari contre Thibaut, pour savoir à quelle minute le soleil va se coucher !

Cette nuit là encore, les étoiles filantes ont volé au dessus des tarps, et la voie lactée était plus belle que jamais, comme ont pu en attester les habitués du pipi à 4h du mat’ ! Ça deviendrait presque une tradition…

Au matin, Seb a dormi « comme une fleur », Hugo et Sandrine ont fuit leur matelas en essayant de dormir comme la tour de Pise, et les paris reprennent pour savoir à quelle heure le soleil va se lever ! Enfin, pas de blague : aujourd’hui, c’est LE grand jour, avec 700 m de dénivelé avant le déjeuner, et l’ascension tant convoitée de la Tête de la Cula, sommet à plus de 3000 m d’altitude.

La montée est rude, en particulier le dernier pierrier avant d’arriver, mais le paysage est magique.

Au sommet, Nathalie chante, Guillaume sort sa flûte, c’est presque irréel… L’émotion nous étreint.

Finalement, nous ne mangerons qu’à 16h, l’estomac dans les talons, car nous n’avions pas emmené le pique-nique donc il fallait retourner au campement.

Après déjeuner, nous re-descendons (difficilement pour Jules dont la chaussure "crocodile" de plus en plus) jusqu’au bois noir où nous dormirons ce soir, en camping sauvage. Les scouts allument le feu, les autres montent des tarps autours du camion pour se protéger de la pluie qui menace, et les derniers préparent à manger tandis que Charlot vient manger les épluchures par dessus leur épaule !

Ce soir là, au menu : soupe de lunettes ! Mais également chants et feu de camp, anecdote croustillante de Jacques qui a perdu au jeu de la pince à linge, et une tonne de rires. Que ça fait du bien !

Mercredi, repos : nous rentrons au camping car il est encore annoncé un temps épouvantable. Jules ayant réparé sa chaussure avec du scotch puis de la ficelle, peut enfin aller au magasin en acheter une nouvelle paire, suivi par quelques-uns tentés par la visite de Ceillac. Pendant ce temps, certains se reposent, se douchent ou jouent. Les clés de Nathalie sont retrouvées… dans le seau de l’âne ! Et la banane de Fred perdue, n’est finalement pas perdue : vraiment, qu’il est taquin ce nain chapardeur ! Enfin, au milieu du trafic des jetons de douche, certains ont droit à 2 mn d’eau chaude tandis que d’autres s’ennuient à attendre que ça s’arrête, et Hugo rie en se douchant en musique.

Après dîner, c’est soirée dansante, au son de l’accordéon de Guillaume, qui tente d’enseigner quelques pas de bourrée bretonne à Nathalie et Lucille !

Heureusement que tout le monde a bien récupéré, car le lendemain, 800 m de dénivelé à faire dans la matinée ! Enfin, « c’est roulant » d’après Stéphane : il n’a pas tort en soi, mais ce qu’il n’a pas dit c’est qu’il y a une pente à 80 % !!

Quand on pense que les scouts voulaient emmener la pastèque… Par chance, notre Schtroumpfette Clémence ayant décrété « moi, j’aime pas la pastèque » et Bernadette veillant au grain, cette dernière est restée au camp. Ce sera tout… pour le moment !

Arrivés au lac miroir, la vue est stupéfiante, et une grande partie du groupe se jette à l’eau (brrrrr… elle est toujours aussi froide, malgré ce qu’en disent certains, amateurs de sensations ; d’ailleurs, quelques cris suraigus en atteste !).

Après déjeuner, sieste au soleil, pendant que Charlot fait sa star pour les enfants de passage.

Réveil difficile pour Amélie, arrosée par Louis, mais sa vengeance sera terrible…
En redescendant du lac, Jules et Amélie bravent les champs d’orties, les chiens hargneux et un berger ombrageux pour faire le plein des gourdes. Merci à eux, qui ont risqué leurs mollets pour nos beaux yeux ! Puis Quentin, Maël et Pierre, 3 inconnus de bonne volonté au cœur généreux, nous aident vaillamment à passer un cap difficile : décidément, ce séjour me réconcilie avec l’humanité…

Avec Lydie en renfort, nous atteignons enfin les eaux turquoise du lac Ste Anne : au son de la flûte de Guillaume, certains se laissent tenter par une seconde baignade sous les rayons d’un soleil timide, tandis que les autres se régalent seulement des yeux : que c’est beau !

Enfin, nous redescendons vers notre camp du soir : petite prairie dans un écrin de montagne, avec une petite cascade au loin, quelques moutons à côté et de quoi faire un feu de camp magnifique ! Certains partent chercher du bois tandis que les autres vont à la source et que les derniers montent le camp.

Bernadette fait du yoga, Louis apprend à Amélie à faire du feu, on sauve difficilement un bout de jambon pour Sandrine, et le nain chapardeur décide de se tenir tranquille ce soir : nous avons 24 soupes pour 20 ! Les saucisses au feu de camp sont un régal : merci à Stéphane qui s’improvise cuisinier pour l’occasion. L’histoire de Froufrout racontée par Louis à Amélie entérine son désir de vengeance terrible.

Ce soir, ce sera chants autours du feu, menés par Nathalie, Lucille, Jacques, Guillaume et Chloé, avant de se coucher sous les étoiles.

Au petit matin, bien avant le lever du jour, Guillaume, Thibaut, Louis, Bernadette et Seb décident de monter à la Tête Girardin pour voir le soleil se lever. Quel spectacle !

Et une fois redescendus au camp à temps pour le petit déjeuner, ils auront la chance rare de voir un deuxième lever de soleil… Pendant que Jules raconte des bobards (nouvelle expression à la mode : « une histoire à la Jules »), Stéphane fait griller le pain sur le feu : c’est grand luxe ce matin ! Attention à ne pas le brûler, sinon Bernie s’énerve : je vous l’ai dit, « le pain, c’est sacré ! »

A 8h pétante, au son retentissant de la trompette, Lydie fait son apparition avec François, son fils, et des croissants ! Trompette, flûte et chants animent ce petit-déjeuner festif et tardif, puis Lydie et François nous quittent.

C’est alors un moment entre rires et larmes, où chacun exprimera ce que ce séjour a représenté pour lui, et je suis bien trop pudique pour vous raconter ici les mots magnifiques qui ont pu être dit… A la place, je préfère vous laisser savourer l’immensité et la beauté du monde :

Le cœur plein de joie que nous démontons enfin le camp puis entamons une descente « technico-ludique » (terme qui intriguait beaucoup nos nouveaux joëlettistes, et qui ont décidé fort à propos que ça signifiait surtout « technico-casse gueule »). Le déjeuner au bord de la rivière se termine par des jeux de cartes, et quelques fous rires en voyant Charlot se prendre une décharge en essayant de faire le joli cœur avec 3 camarades dans un enclos. Ah, l’amour, ça fait mal parfois…

Nous arrivons au camp vers 16h et le temps de s’installer, il est déjà l’heure de l’apéro, sous un soleil bienvenu. Au dîner, Louis confond la crème après-solaire et le concombre au yaourt, tandis que Bernadette attaque Steph à la louche (pleine de ladite sauce au yaourt)… ça aurait pu dégénérer ! Profitant de l’inattention de Jules perturbé par une attaque de mouches, Seb lui vole sous le nez son morceau de viande, ni vu ni connu ! Et la pastèque fait son grand retour, avec le jeu de la « pastèque casse-tête » qui fait le tour de tous les crânes de la table avant d’être dévorée par tout le monde (sauf Clémence, bien entendu !). Les récits de guerre des exploits de nos amis scouts nous régalent les oreilles, en particulier le gobage de flamby, auxquels certains jurent de s’adonner en dilettante ! Enfin, pour clore ce dernier jour en beauté, ce soir, c’est soirée dansante : Louis et Nathalie entament un rock, bientôt suivi par Marine, Lucille et Jules, Amélie et Thibaut, et même Hugo danse avec sa maman pendant que les autres jouent aux cartes au rythme de la musique. Que la soirée est douce…

Ce matin, c’est la fin de cette belle aventure : tout le monde remballe ses affaires, et moi je rejoins mon camion, en attendant la prochaine fois… Que de souvenirs j’ai dans la tête avec tous ces séjours qui s’enchaînent, sur les chemins du possible…

A bientôt !