Népal 2011 - Partie I
Première partie du récit de l’expé Népal : le voyage, l’arrivée Katmandou et la première journée suivie du transfert à Syabru Besi et le début du trek...
Dimanche 15 et lundi 16 mai : de Roissy à Katmandou
Nous avons rendez-vous à Roissy à 19h car notre avion décolle à 22h. Tout le monde est à l’heure et l’enregistrement se passe plutôt bien. Sauf qu’on a trop de bagages. Eh oui, les joëlettes (et leur emballage) pèsent finalement 32 kilos (et non pas 27 comme je l’avais calculé) et Jean-Lou arrive avec 4 sacs d’affaires à donner ! 30 kilos au bas mot !
Ceci mis à part, l’avion décolle à l’heure, l’escale à Abu Dhabi se déroule sans problème (3 heures à attendre dans un « duty free » sans intérêt). Une surprise l’équipe d’assistance qui prend en charge les passagers handicapés est constituée de népalais ; le plus jeune, qui parle bien anglais, veut absolument que nous allions à Chitwan, dans la plaine du Teraï pour visiter le parc naturel et ses éléphants… pas vraiment notre programme !
La nuit dans l’avion ayant été courte, on est déjà un peu déchirés en reprenant le deuxième vol, qui nous amène sans encombre à Katmandou.
Là un employé zélé nous prend en charge et nous fait gruger (à Yann et moi) toute la queue des demandeurs de visa ! Ensuite grande chasse au trésor pour récupérer tous les bagages. Tout est là, même l’accoudoir du fauteuil de Yann qui s’était détaché durant le transport.
A la sortie de l’aéroport, Paulo, Temba et Bishal nous attendent.
On monte les joëlettes sous l’œil intrigué des passants et de la police de l’aéroport, et roule ma poule ! C’est parti pour nos premiers tours de roue au Népal. Il fait chaud, moite, on transpire à grosses gouttes, mais les abords de Katmandou au coucher du soleil c’est quand même quelque chose. Petit avant goût de la circulation népalaise : ici on roule « généralement » à gauche, et tiens, au détour d’un « parc », un temple en forme de pagode et… des singes !
Passé un grand boulevard, nous nous enfonçons dans des ruelles plus calmes pour arriver à la « Guest House » du monastère de Shechen.
Ce sera notre camp de base. Des bougies éclairent les tables alignées au milieu du jardin, pour notre premier dîner népalais, forcément ce sera un « Dhal Baht » (riz, lentilles, quelques légumes : le perpétuel plat national népalais – à Shechen le restaurant est végétarien).
Mardi 17 mai : Katmandou
Aujourd’hui journée « cool », on a quand même lé décalage horaire (4h15) et la fatigue du voyage à récupérer. Petit déjeuner en ordre dispersé, avant d’aller faire quelques tours de stupa (nous sommes à quelques centaines de mètres de du grand stupa de Bodnath).
Surprise aujourd’hui c’est la foule, renseignement pris c’est l’anniversaire de Bouddha, les népalais se pressent autour du stupa. Journée faste pour les mendiants de Katmandou, qui ce sont tous donnés rendez-vous ici.
Quelques tours (de stupa) plus tard, nous rentrons à la Guest House pour le repas.
Après midi, une promenade un peu plus sérieuse (montée sur la colline pour voir le monastère de Kopan), histoire de mettre à contribution Bishal, Ang Babu et Tsiring qui vont nous aider à tirer les joëlettes.
Du sommet de la colline on découvre la vue sur la vallée de Kamandou et un magnifique stupa « kitsch » surchargé de décorations.
Pendant que Paulo nous explique les peintures qui ornent le porche du temple, un moine arrive et nous ouvre la porte de la grande salle de prière. On peut rentrer ? Oui, même en joëlette, mais à condition d’enlever ses chaussures.
Retour à Shechen par un raccourci (quelques escaliers en descente) pour arriver avant l’averse qui menace.
Les plus motivés retournent faire quelques tours de stupa. La nuit tombe, c’est l’heure de pointe, il faut jouer des coudes dans la ruelle. Les stands des lampes à beurre font des nappes de feu vif, orangé, qui ondulent au rythme des bourrasques.
Après l’apéro et le repas, il faut boucler les sacs et aller se coucher, car demain, départ pour le trek, on décolle tôt.
Mercredi 18 mai : Katmandou – Syabru Besi
Départ programmé à 6h, « népali time ». A l’heure dite, tout le monde est prêt, mais pas de bus en vue. Temba arrive en nous annonçant que finalement nous aurons deux bus, un pour les bagages et « le staff » et un autre pour nous. Mais le deuxième bus manque à l’appel, en fait il est à la recherche de carburant ! En attendant on va faire deux tours de stupa pour s’occuper et booster notre karma. Vers 7h, chargement du bus et départ… pour Katmandou, toujours à la recherche d’essence. Deux arrêts plus tard, c’est enfin parti ; heureusement il n’y a pas trop d’embouteillages et nous sortons rapidement de la ville. Les kilomètres défilent, nous arrivons à Trisuli Bazaar pour le dahl baht de midi. Notre bus se gare devant le « restaurant » bloquant ainsi la circulation de la rue principale. C’est vraiment le bazar.
Nous avons maintenant quitté la grande route qui joint Katmandou à Pokhara et il y a sans arrêt des travaux avec de gros engins : bulldozer, pelle mécanique, rouleau compresseur, tractopelle. Ca bosse dur et ici pas de déviation (d’ailleurs il n’y a qu’une seule route) alors il faut parfois se faufiler au beau milieu d’un chantier.
On profite d’un arrêt « travaux » pour monter sur le toit du bus ; air frais et vue panoramique, c’est la classe, surtout avec un coussin de joëlette sous les fesses. Mais juste avant Dunche, le temps se couvre et une ondée nous chasse à l’intérieur. Finalement nous arrivons à Syabru Besi, il est 15h, la pluie a cessé.
Le « staff » de cuisine se met en branle et nous sert un thé avec des biscuits.
Nous voici à pied d’œuvre, au fond d’une profonde vallée très encaissée dont les parois semblent comme recouvertes de mousse. Un peu en amont, on devine une profonde entaille dans le flanc de la vallée, c’est la Langtang Khola, notre destination. Une discussion s’engage entre Stéphane, Paulo et Bishal : faut-il monter par cette vallée comme l’a repéré Stéphane, ou passer par un village en amont « Kangjin » comme l’a fait Joël avec Bishal ce printemps ? La discussion est tendue, mais finalement on reste sur l’itinéraire « classique ». Demain lever programmé à 5h pour un départ à 7h, il est temps de se mettre au lit.
Jeudi 19 mai : Syabru Besi – Bamboo Lodge
Lever 5h au champ du coq. Selon le rituel du trek, Temba nous apporte le « bed tea », pas mal pour se mettre en train. Ensuite direction le petit déj, puis on finit de préparer les joëlettes. Pendant ce temps là, grand déballage dans la cour, l’équipe des 40 porteurs s’organise.
Départ ponctuel à 7h, le temps est gris, le ciel plombé. On commence par remonter la rue principale. Première difficulté il faut monter sur un bloc pour contourner un camion car il y a des travaux qui barrent la route. Juste avant le pont, premier « check post », Paulo baratine le planton en népali en lui disant que le sirdar (Temba) est derrière avec les permis et on passe sans coup férir.
Une fois le pont suspendu franchi, il faut évidemment remonter. On sort les cordes et Stéphane essaye d’ordonner un peu les équipages. Bon, la première montée remet les idées en place. Au sommet du raidillon le chemin traverse le vieux village de Syabru jusqu’à un deuxième pont suspendu… suivi du premier escalier népalais.
Ca calme !
Surtout qu’on voit bien que ce n’est que le premier d’une longue série.
Bon an mal an, avec quelques relais pour les escaliers et l’aide de Myriam et Yann qui marchent dans les passages les plus accidentés, le groupe avance petit à petit.
Pause « fruits secs » à 10 h, on sort des sacs les raisins, amandes, noix de cajou et « dattes fossiles » achetés à Katmandou. Personne ne l’exprime, mais le doute est bien là qui pointe son nez. La question taboue c’est « c’est encore loin la pause de midi ? ».
Personne n’ose la poser, on a tous peur de la réponse.
Les nuages se sont dissipés et maintenant le soleil cogne dur. Après avoir franchi un troisième pont suspendu, il y a un petit « Tea Shop » avec deux maisons. Paulo et Annie nous y attendent depuis une heure. Ruée sur les cocas mis à rafraîchir dans une bassine, pour le plus grand bonheur de la « didi ». Elle a dû faire son chiffre d’affaire du mois en une demi-heure !
Les porteurs nous ont attendus et nous observent depuis la terrasse du haut. Un couple de japonais, la soixantaine, nous regarde passer un peu ébahis.
Mais bon, on n’est pas venus pour acheter du terrain, il faut repartir ; trois zigzags très raides, avec des marches (forcément), nous attendent. Yann, Isabelle et Myriam marchent un peu pour alléger les joëlettes. Mais rapidement il faut recharger nos passagers, en pleine montée. Pas si facile. Heureusement les porteurs nous donnent un coup de main avant de redescendre chercher leur charge. Sympa !
Ensuite les escaliers s’enchaînent : montée, descente, remontée, redescente. Très peu de plat.
Les perspectives le long de la rivière sont parfois hallucinantes (sans même fumer les herbes qui poussent à profusion dans le sous-bois), il fait très chaud, mais heureusement de grands arbres nous abritent.
Enfin quelques maisons avec des drapeaux colorés : Paro. La pause de midi est en vue. Une dernière volée de marches bien raide nous ôte toute feinte aisance à l’arrivée. On s’écroule sur un fauteuil de jardin une tasse de « juice » à la main.
C’est l’instant de doute. Chacun jauge sa fatigue et suppute la longueur restante de l’étape. De toute façon, les escaliers franchis nous enlèvent toute vélléité de demi-tour. Par ici la descente n’est guère plus facile que la montée. Autant continuer. Mais en serons-nous capables ?
Le repas nous requinque, mais il faut repartir sans traîner. Sans même le dire, il est entendu que l’arrivée est encore loin ! La séquence continue : escalier montant, escalier descendant, escalier montant…
Après deux heures de ce traitement la fatigue commence à se faire sentir, même Bishal peine. Heureusement des porteurs redescendent nous aider. Au début ça dépotte tellement qu’on a du mal à suivre le mouvement, du coup ils ont moins d’aide et ça les calme rapidement. D’où l’apprentissage du mot le plus utile en népali : « bistari » (doucement).
Une pluie tiède s’est mise à tomber, pour les accompagnateurs, ça ne change rien, de toute façon on était déjà trempés de sueur. Finalement Bishal dit « Bamboo Lodge ten minutes », hourrah, c’est gagné !!
Une dernière descente un peu technique pour franchir un chaos de blocs… trois volées de marches à monter (ce sera autant de fait pour demain) et nous voilà arrivés. Il est 16h30.
On est bien au sec dans le lodge, la musique de la pluie se conjugue au rugissement de la rivière.
Ensuite cadence infernale : thé et petits gâteaux à 17h, suivis du repas à 18h (avec « Banana pie » en dessert). Il est 19h15, l’heure d’aller se coucher, Jean-Lou résume d’un mot l’étape du jour : « cahotique » !
Texte : Denis Flaven
Photos : Jean-Lou Ouvrard, Vincent Harre et Denis Flaven