Mercantour du 20 au 27 août
A découvrir : une semaine de randonnée placée sous le signe du piment, vue par Marc
Pour arriver à Saint Dalmas le Selvage (alt 1445 m) les vingt participants ont du franchir en voiture, à partir de Jausiers, le col de la Bonnette à 2802 m d’altitude, par la plus haute route d’Europe avant de déboucher sur la vallée de la Tinée, superbe paysage minéral qui ne manque ni d’air (les montagnards disent : y a du gaz) ni de piment...
Accueillis par le chef Christophe et l’intendant Vincent,valides et moins valides ont eu deux nouvelles pimentées a prendre en compte ..
– l’âne étant en arrêt maladie (entorse de l’épaule) et donc absent en convalescence, il faudra s’organiser, voire le remplacer.... avis aux candidats... (têtus, résistants, avoinophiles, et bons porteurs... profil rare chez les bipèdes..)
– Vincent adorant "faire à manger" il nous a montré dès le premier soir ses talents pour assaisonner les plats, en deux versions au choix, avec et sans piment... ce fut une ritournelle quasi quotidienne avec des mets indiens, péruviens, italiens, d’Europe centrale... mais tout le monde a apprécié les variantes et aucun plat n’est sorti indemne du tour de table, la politique du " pas de reste" n ’a pas eu de mal à être respectée... !
Dès le deuxième jour l’initiation joëlette fut faite sur le terrain vers le plateau de Sestrière ou un pique nique roboratif au bord du torrent sous les mélèzes, fut apprécié et réparateur, après 500m de dénivelée dans les sentiers en sous bois et escaliers de cailloux
Et pour mettre du piment à l’aventure le retour se fit par un trajet plus court serpentant dans le sens de la plus grande pente... les virages les pieds dans le vide à l’avant, et les manettes au raz du gazon à l’arrière, ont très vite aguerri ou effrayé les pilotes de joëlettes... il n’y a pas que le piment et l’effort en altitude qui fait transpirer...
Déjà convaincus de la nécessité, presque maniaque, d’une dénivelée quotidienne d’au moins 500 m (ce qui fut largement respecté, voire joyeusement dépassé, dès le troisième jour la montée au lac de Vens (2280 m) n’a pas vraiment surpris le personnel marchant et roulant, et même avant et après la nuit au refuge, un bain dans le lac glaciaire fut une banalité rafraichissante... le piment vous dis-je, en plus au soleil, mais... plage de cailloux, on est pas au club med.
Et ce n’est pas Salvator, adepte de l’immersion totale, avec six bras porteurs, tout comme Alain, Cécile, Yannick, Marc, Hélène, Myrielle ou Françoise qui vous diront le contraire. Faire trempette tout ou partie, tous y ont goûté, même sans quitter la chaise. La classe quoi !
Sauf que si en surface l’eau est a 23°C, au bout des pieds, à –2 m ou plus, ça devient très vite réfrigérant... les lacs d’altitude sont fragiles, même si l’on y voit des truites...
Entre le refuge de Vens et celui de Rabuons, sur la crête c’est la frontière italienne, un randonneur était signalé perdu, on a appris plus tard une mauvaise nouvelle, de quoi remettre une dose de piment et de prudence à nos exhibitions bien modestes.
L’allure lente et précautionneuse de nos équipages, à la montée comme à la descente interpellait les randonneurs croisés ou doublés qui nous prêtaient parfois main forte avec envie... et admiration pour les passagers ... et les forçats bénévoles dans les brancards ou à la corde !!!
Après un retour au camp de base, avec en soirée une visite du village et de l’église avec un érudit local amoureux de son village, les 48 h suivantes nous trouveront au plateau et refuge de Gialorques à 2500 m, et au delà..
D’autres émotions pimentées nous attendaient...
– Navettes de porteurs pour reprendre des réserves alimentaires au relais du camion resté en bas à mi-chemin entre route forêt et sentier caillouteux abrupt et malaisé,
– Rencontre et aide sympathique de Jérôme, berger local chargé avec quatre patous (gros chiens blancs imposants anti-loups) de gérer 1700 têtes de moutons en spectacle tranquille sur le vallon en face,
– Et puis quarante chèvres, trois ânes curieux et gourmands, quelques marmottes dodues sifflantes et agiles, une hermine sautillante et pas de raton laveur... ni de chamois dans notre champ de vision pourtant très large...
Jérôme le berger nous a tenu compagnie et volontiers instruit sur sa vie et celle de son plateau en allant ensemble le lendemain voir un autre lac d’altitude, des casemates italiennes (ou françaises) de la dernière guerre et rencontrer une copine bergère qui gardait ses moutons de l’autre côté du plateau....
Et ron et ron petit patapon, cette fois c’était du piment doux, avec apéro a l’anisette et tiramisu de Vincent, les dames se sont mises en quatre pour lécher la casserole de chocolat...
Et puis il a bien fallu conclure cette semaine en altitude dans la vallée de la Tinée, au dessus d’Auron et Isola 2000, a moins de 100 km de Nice et du bord de mer...
Avec une dernière ascension, le col d’Anelle (1750 m) suivi de la descente sur Saint Etienne de Tinée... et une dernière dose de descente pimentée sur les gravillons zigzagants du GR 5 (600m) dérapages incontrôlés pour certains, glissades sur les fesses et les coudes, comme s’il n’y avait pas assez eu de piquant dans ces belles randonnées conviviales.
Soleil, sueur, sommets, sympathie, simplicité, sourires, mais aussi crampes, nuits en pointillé, coups de soleil, coup de collier, coup de blues pour une ou deux moins valides... Des coups de mains revigorants, un beau temps qui ne nous a pas lâché hormis quelques menaces le quatrième jour, et des gouttes de minuit au camping le dernier jour, pour tester les tentes ?
Merci à l’enthousiasme trépidant de Marie-Laure, à l’humour constant ravageur et pince sans rire de Julien, au sourire épanoui et musclé de Salvator, aux conseils de pilotage maternels de Mado, à la marche tranquille d’Isabelle qui a été parfaite dans son rôle assumé et sécurisant de voiture balai....
L’interaction et l’échange au service des neurones des uns, des muscles des autres a permis une vie de groupe harmonieuse et positive... ils l’ont fait ce séjour "difficile" !!!
Et le lendemain très tôt les drôles d’oiseaux se sont mis en route, vers Paris, la Moselle, l’Anjou ,Grenoble, Lyon, le Larzac.... le camion a refait le plein de joëlettes bien pliées, de cantines propres et remplies, de tables et bancs sagement alignés, de sacs de tente ventrus et immatriculés avec rigueur..
Nos deux compères efficaces et souriants, l’un chevelu, l’autre tondu, avaient-ils presque autant la larme à l’ œil que les vaillants rouleurs marcheurs... le piment fait il pleurer ?
Dans la mobilisation de nos énergies, entières ou réduites qui mieux que HCE peut nous donner l’occasion de mettre du piment dans notre vie et celle des autres ?
Marc