Haute vallée du Giffre 11 au 18 août 2012

25 janvier Reportages

Il était une fois, dans la commune de Sixt Fer à Cheval, des vacanciers qui rencontrent de bien curieux et étonnants randonneurs dans la haute vallée du Giffre. Ceux-ci semblent faire partie de 4 étranges équipages. Oui, à n’en pas douter, ils sont tous bien dans le même bateau (même s’ils sont en montagne !) à savoir que coûte que coûte ils avancent, ils doivent avancer, monter pour mieux descendre puis mieux remonter. Dans ce pays des cirques (cirque du Fer à Cheval, cirque du Bout du Monde, cirque des Fonts), ils sont équilibristes, voir funambules sur des ponts suspendus.

Pour couronner le tout ils doivent garder l’équilibre d’un fauteuil qui n’a qu’une roue, qui emprunte les mêmes sentiers que le ferait un marcheur montagnard ou un vététiste.
Que viennent-ils faire en Haute Savoie, dans la vallée du torrent appelé le Giffre, en ce lieu surnommé le pot de chambre de la région, tant il y pleut ?

Eux seuls pourront vous le dire. A les regarder lorsqu’ils avancent, ils semblent concentrés sur une roue et des cailloux (pourtant le paysage alentour est si beau !). A les regarder lorsqu’ils se posent, on croit voir une ruche où chacun s’active, a sa place et sa fonction, le tout dans la joie, le rire et la bonne humeur au milieu de leur campement ou bivouac.

Pourtant je vous assure que je les ai vu bien fatigués, essoufflés, en transpiration sur les chemins très pentus de nos belles montagnes, dit l’un des randonneurs.

Oui ajoute l’autre, moi j’ai vu un beau et dynamique mulet qui les accompagnait. Il aurait pu porter l’un ou l’autre des enfants qui faisaient partie du groupe. Et bien non, le mulet portait le nécessaire pour une vie de nomade, les enfants marchant d’un bon pas malgré leur jeune âge … de futurs vrais montagnards !

C’était la version des vacanciers. Après avoir lu le flyer HCE qui leur a été donné, peut-être sont-ils moins étonnés ? Peut-être même auront-ils envie d’essayer et de randonner avec nous une prochaine fois ?

La version des randonneurs HCE, en images, peut être celle-ci :
une semaine dans des cirques :
cirque du Fer à Cheval : c’est là que la semaine commence et se termine à980 m d’altitude. Une merveille ! Nous y rencontrons même des névés aux formes surprenantes.
Cirque du Bout du Monde (derrière la montagne, c’est la Suisse sans voie d’accès) pour le premier jour d’apprentissage de la pratique joëlette.
Nous y pique-niquons auprès d’une magnifique cascade bien rafraîchissante pour Patrick, Luc, Yolande et Octave.

cirque des Fonts, avec le Buet : la Suisse est aussi là, derrière la montagne ! Avant d’installer le bivouac, Franck partage sa passion de la faune locale : les bouquetins que nous observons avec lui (et à travers sa lunette) lèchent la roche riche en sels minéraux. Franck est l’ animateur de la réserve naturelle et le beau-frère de Félix, notre super intendant. Il a été très présent durant le séjour, à notre plus grande joie.

une semaine auprès des cascades, sur des ponts (tu passes Mainon, ou tu passes pas ? !) : des ponts de bois, des ponts suspendus ... , ponts et torrents que Mainon a traversés allègrement :

une semaine découverte, avec surprise le dernier jour :
découverte des gyapètes barbus, animal protégé dont un couple a été réintroduit à Sixt. Ce rapace, le plus rare de France, a une envergure (2,90 m) plus grande que celle de l’aigle royal (2,30 m). Sa queue de forme ovale permet aussi de le différencier. Nous avons passé 2 nuits, à Salvagny (840m), au pied de la falaise qui abrite le couple. A l’heure du petit déjeuner, nous les avons vu voler.

découverte des vaches, curieuses auprès de Mainon, mais aussi mécontentes de l’installation du bivouac (1380m) sur leur territoire à proximité du refuge des Fonts !

découverte, au réveil, d’une naissance sous le matelas d’une dormeuse : 3 bébés ! des taupes ? des souris ? Plutôt des taupes … qu’en pensez-vous ? Pour HCE le souvenir sera celui d’un trou dans le tapis de sol d’une des chambres du marabout.

une semaine de réconfort après l’effort :
après l’effort, et les difficultés de chaussures inadéquats pour Marie, le réconfort … d’un beau paysage au lac d’Anterne

… d’un bon pique nique
… d’une sieste salutaire
… d’un feu de camp au bivouac
… de la méditation … l’art avec Thais notre dessinatrice

une semaine de splendides paysages :
montée au lac d’Anterne, vers le collet d’Anterne, le lac d’Anterne 2063m

une semaine de ciel bleu, malgré la pluie d’une seule nuit au refuge Alfred Wills qui le lendemain matin offre un splendide paysage de brume à la japonaise :
à Pratz de Commune 1672m, Brairet, vers le collet d’Anterne, en quittant le refuge Alfred Wills

une semaine de partage des tâches quotidiennes :
une semaine dégustation :
entre autre, de cueillette de myrtilles, et tartes !

Ces fleurs locales disent la beauté de ce séjour, la joie partagée, merci à Luc notre guide, à Félix notre intendant, à chacune et chacun, au CA de permettre de tels moments. N’oublions pas Mainon qui découvre ce que sera ces années futures avec HCE.
Tout le groupe vous dit à l’année prochaine ! On en redemande !

texte de Yolande et Thais, dessins de Thais, photos de Yolande et Viviane

Pour clore, voici le jeune regard de Thais (12 ans) :

dimanche 12 août 2012
Tiens, voilà le soleil, s’écrie Yolande, passagère des joëlettes.

Allez on décolle s’égosille Félix, l’intendant.

Quel soulagement de pouvoir enfin gambader dans les prairies verdoyantes … mais Luc nous rappelle vivement : Holà, revenez, j’ai quelques explications techniques à préciser. Revenez !

Nous revenons sur nos pas en trainant les pieds. Cinq minutes, dix minutes, cela faisait déjà un quart d’heure qu’il répétait les mêmes choses, mais au final il déclare : ça paraît difficile, mais en fait, ça l’est. Rires et exclamations fusèrent de tous côtés. Mon impatience de partir du camping avait doublé avec cette attente. Je comprends que c’est important mais c’est quand c’est votre troisième séjour d’une semaine et que vous n’avez que 12 ans, vous comprenez que ça peut paraître un peu long. Mais je ne me suis pas présentée … Thais 12 ans, sœur d’Octave 9 ans et de Mélisande 4 ans et fille de Patrick. Nous faisons tous partie du séjour.

A midi nous nous arrêtons près d’une cascade. Malheureusement plusieurs touristes avaient, eux aussi, choisi cet endroit magique pour casser la croûte.
Enfin après de rudes efforts, nous rentrons au camping.

Le lendemain matin, nous devons démonter le campement. Le petit-déjeuner est prévu à 7 heures car il faut que nous soyons partis à 9 heures. Les enfants de Félix (l’intendant) vont nous tenir compagnie aujourd’hui : Samuel 8 ans et Théo 11 ans. Le chemin prévu pour ce matin a l’air pour le moins sportif : à franchir 700m de dénivelé. Apparemment les joëlettes ont l’air de tenir le coup … et le mulet aussi. Il est nouveau et n’a pas encore l’habitude de marcher avec du monde autour de lui et il n’en fait qu’à sa tête. Je pense qu’il en a pour vingt ans de carrière dans HCE.

Le déjeuner se passe dans une auberge au sommet de la montagne. Des tables et des chaises sont mises à notre disposition. Après une rude montée, nous avons bien le droit à un minimum de confort … le cuisinier et fermier du chalet a un chaton très mignon, quelques vaches et un taureau que le mulet n’apprécie pas énormément.

Le jour suivant (14 août) le déjeuner se fit très rapide ; il fallait avoir le temps de tout démonter (le marabout, les tentes, les tables …). la veille au soir, nous nous étions installés dans un espace réservé aux jeunes avec des sanitaires équipés de douches froides. Les plus courageuses sont parties se doucher, les autres n’ont pas osé. Maintenant chacun vaque à ses occupations.

Après avoir marché environ 2h30, nous nous posons sur le chemin pour déjeuner. Plusieurs 4x4 passent sur le chemin, leur horrible fumée venant polluer notre salade composée.
Enfin, Mélisande et moi partons dans le 4x4 de Franck (monsieur passionné par les oiseaux et la montagne en général). Il avait pour mission de monter les sacs à dos du groupe au bivouac. Durant le trajet, on s’arrête pour observer de petites plantes carnivores, la grassette (des Alpes ou vulgaire). Cette espèce végétale vit dans des endroits humides et plus ou moins rocailleux. A l’arrivée au village de chalets, en attendant le reste de la troupe on observe les bouquetins sur la falaise d’en face.

Le soir, nous poursuivons notre chemin jusqu’au col. Papa nous avait emmené avant le reste du groupe en haut et nous lui communiquions les informations quand il est redescendu tirer les joëlettes grâce à des talkies-walkies.
Le pique-nique se passa au soleil et ensuite les plus courageux montèrent voir le lac pour redescendre ensuite au refuge tandis que nous descendons directement aux petites maisons. Le repas se passa dans une petite salle très bruyante et la chaleur était presque insupportable. Un autre groupe avait rejoint le réfectoire et leurs rires gras et sonores complétaient la cacophonie.

Quelle nuit épouvantable ! Entre les ronfleurs, les malades qui sortaient vomir et les puces, pas moyen de trouver le sommeil. Vivement l’arrivée du soleil ! Quand il se décida enfin à sortir de sa cachette, le sommeil m’avait heureusement emportée.

Le ciel nuageux crachait de petites averses quand je mis le pied dehors. Avant le déjeuner je donne de l’herbe au mulet. Son comportement est très étrange ; il parcourt au trot son parc pour venir me voir, puis repart en marche arrière.

On repart vite fait après un bon petit-déjeuner mais à peine a-t-on fait trois pas que l’on s’arrête pour déjeuner. Personne n’avait faim, alors le repas consista en pain et bout de saucisson.

Marie était malade donc elle est allée en camion au point de rendez-vous (le truc pour les jeunes où on avait laissé le marabout) … et on en a profité avec Mélisande, Octave, Papa et moi. En attendant le reste du groupe on s’amusait avec les fauteuils roulants. J’ai dormi à la belle étoile (toute seule) autour du feu. Tout le monde chantait de chansons.
Puis … c’est déjà le dernier jour !