Haut Atlas marocain

25 janvier Reportages

Partir du Sud du Maroc (près de Kala M’Gouna), passer au pied du M’Goun pour rejoindre la vallée d’Aït Bougamez, tel était l’objectif de notre petite caravane composée de 4 joëlettes et de 11 mules. La météo parfois bien hivernale va nous inciter à nous éloigner des sommets mais cette randonnée pleine de couleurs et d’imprévus restera longtemps dans les mémoires des participants.

Tout commence à Marrakech avec une première nuit à l’hôtel Tazi, dont le principal avantage est d’être situé à proximité de la place Djemma Efna et de ses animations nocturnes. Dès le lendemain matin : départ en véhicule pour rejoindre Ouarzazate où nous déjeunons à l’hôtel El Waha. Il fait très chaud. Nous apprécions le calme et la beauté de notre premier lieu de bivouac, près de Bou Taghrar.

La première nuit va donner à certains la première occasion de bien mouiller leur duvet mais ce n’est pas encore l’heure de s’inquièter car le lendemain, le soleil nous accompagnera toute la journée. Premières descentes vers la rivière Assif El Ouati, premières traversées d’eau, premières rencontres avec les populations locales, le ton de ce beau séjour est donné.

Nous traversons de nombreux villages, ce qui nous donne l’occasion d’admirer quelques beaux restes de maisons fortifiées en terre.

Une pause à l’ombre pour notre premier pique-nique avec thé à la menthe et les délicieuses compositions culinaires de Brahim toujours pleines de couleurs et de saveurs. Notre second bivouac se fera près du village d’Alemdoun.

La pluie de la nuit a blanchi les sommets et nous commençons à avoir quelques inquiétudes sur le niveau d’eau de l’oued M’Goun. Nous partons vaillamment à l’assaut de notre premier col à près de 2100m d’altitude (facile, c’est de la piste et il fait beau !). c’est presque au pas de course que nous rejoignons Aguerzaka, à l’entrée des gorges du M’Goun.

Une pause à l’atlas bar local (sans guiness !), un petit avant goût des eaux couleur chocolat du M’goun et nous installons notre bivouac près de la rivière. Le niveau de l’eau nous confirme qu’il faut renoncer à la remontée des gorges.

Le lendemain, il faut traverser l’eau et rebrousser chemin. Les chèvres se montrent plus habiles que nous dans cet exercice. Nous rejoignons le col, entassés dans un véhicule. Retour à Alemdoun par la piste, avant de bifurquer vers Ameskar el Tatani. Il va falloir passer par les montagnes et les journées suivantes s’annoncent difficiles, d’autant plus qu’un mal mystérieux commence à frapper le groupe (tourista ?, grippe intestinale ?)

Le bivouac au dessus d’Ameskar El Fougani restera gravé dans les mémoires car les orages vont définitivement imbiber nos affaires mais aussi les tapis et les matelas. Certains vont même échapper de justesse à la montées des eaux dans l’oued tout proche. Heureusement, une grotte va nous permettre de nous abriter pour le petit déjeuner.

C’est une véritable étape hivernale qui nous attend ensuite, pour passer les cols de tizi el Fougani et tizi n’ Tounza, à près de 3000 m d’altitude. Les paysages sont somptueux, mais la pluie, la grêle et le vent ne nous incitent pas à flâner. Heureusement, les mules et les muletiers vont nous aider dans l’ascension du premier col. Les petits feux allumés avec les "coussins de belle-mère" nous réchauffent pour la pause pique-nique.

Après une descente bien cahotique de 1000m de dénivelé, sous la pluie, nous installons notre bivouac près d’Aïn Afflafal. Le beau temps n’est pas encore vraiment revenu et nous décidons de continuer en direction du massif du M’Goun.

Il faut encore traverser l’oued à plusieurs reprises. Les paysages sont somptueux mais les sentiers rendus glissants par la pluie s’avèrent plus difficiles que prévu. La progession est lente dans les montées et malgré l’aide des muletiers, il est nécessaire de modifier notre circuit en rentrant plus tôt que prévu à Iskataffen.

Dernière difficulté de taille : il faut franchir le tizi n’Aït Imi (2900 m d’altitude) par la face la plus rocheuse et la plus raide. Heureusement, les mules et les muletiers sont là pour nous aider. Sans leur aide, le col aurait été impossible à franchir. Quelle émotion au sommet !

Après toutes ces difficultés, la descente paraît bien facile. Il faut juste se garer pour laisser passer les mules, ânes et dromadaires qui reviennent du souk et qui gravissent le col.

Dernier bivouac (encore bien arrosé) près de la source de Tabant et nous rejoignons la belle vallée d’Aït bougamez et le gîte de Youssef après un petit détour par Ibalkliwine pour admirer les traces de dinosaures.

Les deux nuits passées à Iskataffen sont appréciées. Nous sommes enfin au sec ! Quels délices la cuisine d’Aïcha ! Quel bonheur de se réchauffer dans le hammam !

La journée suivante est une journée de repos avec tout de même la visite du grenier à grains qui surplomble Iskataffen et de son gardien qui affiche gaillardement 112 ans au compteur !

Et voici la dernière journée de randonnée, "séquence émotions". La balade tranquille dans les gorges d’Arrous s’avère plus difficile que prévu en raison du niveau de l’eau. Après un franchissement de blocs acrobatique, une cascade boueuse nous incite à ressortir. Voilà qui va laisser des souvenirs...

Dernière soirée festive avec nos accompagnateurs berbères après la dégustation d’agneau grillé et de couscous. C’est déjà terminé. il faut rejoindre Marrakech avec sa foule, son souk bien coloré, les gâteaux de la patisserie des princes.

Il restera en mémoire tous ces paysages fantastiques, la qualité de l’accueil des berbères malgré leur vie rude, la bonne humeur et la solidarité du groupe malgré les difficultés, le sourire des passagers joëlette (même pas peur !), la force tranquille d’Olivier notre AMM (même pas malade celui-là !). Et : une envie de revenir, mais avec le soleil !