Djebel Saghro 2015 : Il était une fois dans l’oued

25 janvier Reportages

Devinette : où trouve-t-on tout à la fois :

 De la caillasse, des palmiers, des montagnes enneigées,
 De la piste, du sentier, une lune glacée,
 Une drôle de caravane avec ses joëlettes et ses muletiers ?

Réponse dans le Djebel Saghro avec HCE !

Voir la vidéo en plus grand.

Le Djebel Saghro késako ?

Le Djebel Saghro, au Maroc, est l’extrémité Est de l’Anti-Atlas ; entre au nord la longue chaîne enneigée du Haut Atlas bordée par la vallée du Dadès et au sud le désert. C’est un massif rocheux et aride qui culmine à plus de 2700 m d’altitude. En berbère (tamazigh) « saghro » signifie sécheresse.

Dimanche 25 janvier

Rendez-vous à l’aéroport de Saint-Exupéry ; il fait à peine 2°C avec un vent glacé. Mais, magie du voyage en avion, en un coup d’aile, nous voici à Marrakech. Il fait soleil et 18°C, quel contraste ! Au loin les cimes enneigées du Haut-Atlas nous rappellent que nous sommes cependant bien en hiver.
Avec HCE pas de temps mort : une partie de l’équipe berbère nous attend, on embarque le matériel et les passagers dans deux minibus et c’est parti pour une traversée Nord-Sud express de l’Atlas. Direction Ourzazate puis le Djebel Saghro dans la foulée.

On s’arrête pour dîner juste avant le col de Tizi-N-Tichka. Le restaurant est pittoresque avec la boucherie en plein air et la fabrication de tajines en série.

Puis on reprend la route (mieux vaut avoir le cœur bien accroché dans les virages) jusqu’au bivouac. Il est minuit, on s’installe sous le ciel étoilé.

Lundi 26 janvier

Après le transfert de la veille, grasse matinée et petite rando en boucle pour se rôder avant le départ en trek. Nouveauté : des tables et des chaises pliantes font désormais partie du matériel de camping. Au Nord, les cimes enneigées du Haut-Atlas barrent l’horizon. Laquelle est le M’Goun ?

Du 27 janvier au 6 février : le trek

Cette fois c’est parti pour le trek itinérant.

Mais au fait, ça se passe comment une journée de trek berbère ?

Les premiers levés sont les cuisiniers. Dès 6 heures du matin ça s’active du côté de la tente cuisine. C’est qu’il y a trente personnes à nourrir !

Mais pour le reste de l’équipe, la journée ne commence guère avant l’arrivée du soleil.

La nuit a été fraîche (aux alentours de zéro) et il est difficile de sortir du duvet sans espérer se chauffer au moins un peu au soleil. Dès que celui-ci montre son nez, chacun s’active pour replier son bivouac. Le camp se démonte peu à peu. Le petit déjeuner est installé « en terrasse » aux premiers rayons du soleil. Thé, café, chocolat, confiture, crêpes, pain… ou huile d’olive et fromage, il y en a pour tous les goûts.

Il faut bien prendre de l’énergie pour l’étape du jour. Puis quand tout le monde a déjeuné, les joëlettes se préparent. Pendant qu’on installe les passagers, l’équipe berbère fini de plier le camp, fait la vaisselle et charge les mules.

Enfin la caravane des joëlettes s’élance. Les mules partiront un peu plus tard mais rattraperont le reste de la troupe en milieu de matinée.

Quand le sentier est étroit, on s’arrête pour les laisser passer. Pas question pour les joëlettes de suivre leur train d’enfer.

Après deux ou trois heures de marche, « pause graines » pour redonner de l’énergie au groupe : dattes, cacahuètes et petit morceaux de gâteaux secs. De quoi tenir jusqu’au pique-nique.

On repart ensuite pour une heure ou deux jusqu’à la pause de la mi-journée. L’endroit est facile à repérer : le cuisinier et ses aides se sont installés près d’un point d’eau et il y a deux mules au parking.

A peine arrivés, le thé à la menthe est servi. C’est le moment de profiter du soleil ou d’aller faire trempette dans l’oued en attendant le repas.

Un oued ou wadi (emprunté à l’arabe (ouadi), « vallée, lit de rivière, rivière »), est un cours d’eau d’Afrique du Nord et des régions semi-désertiques à régime hydrologique très irrégulier.

Ça c’est la définition du dictionnaire, mais pour les joëlettes, oued est synonyme de galère. On y trouve au choix : du sable – doux sous le pied – mais dans lequel la joëlette laboure, c’est vite épuisant ; des galets, encore pire, non seulement ça ne roule pas (sauf sous les pieds) mais en plus ça tape dur pour le passager. Troisième variante : le lit rocheux : creux et bosses garantis ! Mais parfois aussi, l’oued apporte de l’eau et un bosquet de palmiers à l’ombre bienfaisante.

Après le repas, une petite sieste pour laisser passer le soleil au zénith, il est temps de repartir, l’étape n’est pas encore finie et en hiver le soleil baisse vite. Car, bien que l’on randonne en tee-shirt, nous sommes bel et bien en hiver.

Enfin l’objectif est en vue : le campement avec les tentes berbères est déjà monté. A peine arrivés un nouveau thé à la menthe nous accueille.

Les amateurs de nuit à le belle étoile s’empressent de réserver leur emplacement (c’est plus facile de trouver un endroit plat quand il fait jour qu’à la lueur de sa frontale) et les meilleurs « spots » sont vite squattés. Les plus motivés profitent des derniers rayons de soleil et du point d’eau pour faire rapidement un brin de toilette. Car dès que le camp passe à l’ombre (vers 17h30) la doudoune remplace illico le tee-shirt. S’il y a du vent, on se réfugie sous la tente berbère en attendant le souper.

Discussions, lecture, soins de petits bobos. Les plus énergiques se risquent parfois à une balade aux environs histoire de grappiller quelques rayons de soleil supplémentaires du haut d’une colline.

Puis vient l’heure de la soupe (« askif » en berbère), tout le monde se retrouve sous la double tente berbère pour le repas du soir. Encore une fois les cuisiniers se sont surpassés : tajine, couscous voire même frites. Tout est possible dans un trek berbère !

Après un dernier thé (ou une verveine : « Luisa » en berbère) c’est l’heure de la veillée à la lueur des bougies. Mais rapidement le froid et la fatigue de la journée nous pousse vers notre duvet. Bonne nuit !

De l’Atlas au Far West

L’itinéraire du trek nous permet de découvrir une étonnante palette de paysages. Au nord, l’environnement et dominé par la chaîne de l’Atlas. On chemine à travers des plateaux caillouteux entrecoupés de profondes vallées taillées par des oueds.

En arrivant sur Igli on change de continent : est-ce l’Australie façon Ayers Rock ou bien la Vallée de la Mort avec les monolithes de Bab-N-Ali ?

Le contraste se retrouve aussi au niveau des températures. Notre périple vers le versant sud du massif pousse jusqu’à une large cuvette avant de remonter vers le village de Saka. Avec la faible altitude et le temps au beau fixe, il fait 31°C en plein midi. Dire que nous sommes fin janvier ! On cherche l’ombre dans les jardins et sous les maigres palmiers en bordure de l’oued.

Les jours suivants, le temps se couvre légèrement. Avec le vent et l’altitude, on ressort la polaire sans hésiter même en pleine journée, et il peut faire jusqu’à -5°C la nuit à la lueur de la pleine lune.

Le trajet nous ramène ensuite à la vallée du Dadès (vallée des Roses). Au pied de l’Atlas, les nomades font paître leurs dromadaires avec les sommets enneigés en toile de fond.

Le périple se termine par une journée tranquille le long du Dadès ce qui permet quelques rencontres avec les habitants.

Et bien plus encore

Et je ne vous ai pas raconté : les petits vendeurs immobiles au bord du sentier (mais qu’on peut croiser plusieurs fois dans la même journée : eh oui, eux ils connaissent les raccourcis !), les amandiers en fleurs, le caméléon, le concours de corde à sauter, le souk et la pâtisserie de Ourzazate, l’anniversaire de René, l’équipe berbère au top…

La prochaine fois ce sera à votre tour d’aller découvrir le Djebel Saghro !

- Denis

Spéciale dédicace pour René (sur l’air de "L’Auvergnat" de Brassens, évidemment), paroles de Cath et Joce.

Elle est à toi cette chanson
Toi l'auvergnat qui sans façon
Nous a donné un coup de main
En rando chez les marocains

Ce n'était rien qu'un coup de main
Mais chaque instant toujours plus fort
Tu as soulagé nos efforts
A la manière d'un magicien

Elle est à toi cette chanson
Toi l'trésorier qui sans façon
A bien veillé sur notre pognon
Pour tous partir où il fait bon

Ce n'était rien qu'un peu d'gestion
Mais pour nos yeux que de merveilles
Bon moments et rires à foison
A la manière d'un grand soleil

Elle est à toi cette chanson
Toi l'intendant qui sans façon
Nous a fait des mets succulents
Comblant nos appétits gourmands

Ce n'était rien qu'une tarte aux pommes
Cuite sur le gaz après la tomme
Mais dans corps ça brûle encore
A la manière d'un grand magnum

Toi cher René tant qu'tu vivras
Et qu'HCE existera
Avec les machines à Joël
Ô joie éternelle !