Corse du sud septembre 2019

25 janvier Reportages

Seul novice de la troupe sur ce séjour, c’est à moi que revient l’honneur de faire le récit du dernier séjour HCE de l’année sur le sol français (eh oui pendant que nous étions sur l’ïle de Beauté, à 7700 kms de là, une autre troupe d’aventuriers HCE arpentaient, une autre île tout aussi belle ; Madagascar….)
Les 14 accompagnateurs nommés pour cette aventure étaient René – André – Edith – Franck – Gilles – Gérard – Jean Luc – Yannick – Pauline – Andrea – Julien – Audrey – Eric et Fred et nos 4 passagers : Clément – Arnaud – Anne et Chantal


JOUR 1 : DE LA GARE ST CHARLES A LA CROISIERE S’AMUSE
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Sans faute, l’ensemble de l’équipage se retrouvent, comme convenu à la Gare St Charles de Marseille en début d’après-midi. Tous sauf un, notre ami Julien qui nous rejoindra sur le bateau. Nous profitons de la belle vue sur Notre Dame de La Garde pour prier la bonne mère afin d’avoir une belle météo pendant notre séjour. Nos vœux seront exaucés…
Après concertation entre ingénieurs, déménageurs bretons et architectes d’intérieur en herbe que nous sommes, nous arrivons tant bien que mal, à optimiser le rangement et l’aménagement des 2 fourgons HCE. 17h30 nous embarquons sur La Méridionale. Sur le pont du bateau, nous profitons du coucher de soleil sur la cité phocéenne, des 1ères Pietra et d’un petit pique-nique pour faire plus amples connaissances.
Une « bonne nuit » nous attend sur la veille moquette du « Love boat »…..

JOUR 2 : A L’ABORDAGE !!!
6h du matin : BranIe bas de combat ! Les moussaillons sont réveillés en douceur par du « I Muvrini » ! La Corse est en vue. Nous débarquons enfin à Ajaccio, la tête enfarinée avec encore la traces de moquette sur la joue.
Histoire de nous mettre dans le bain, nous commençons par un agréable « petit déjeuner – baignade » sur la plage de Ricanto à quelques encablures du port.

1ère anecdote du séjour : Nous perdons les lunettes d’Arnaud. Pendant un quart d’heure, nos recherches sont restées vaines malgré nos talents cachés de chien d’avalanche et détecteur de métaux mais c’était sans compter sur la lucidité d’un baigneur corse qui a retrouvé le précieux objet.

Après cet épisode, nous enchainons en camion avec 2 heures de route à travers les montagnes pour rejoindre notre 1er camp de base : la chapelle San Petru. Au cours du trajet, le 856ème virage pris à la corde par René a été fatal pour le ventre de Clément qui nous a relooké de la porte du camion HCE….
Nous découvrons notre joli camp de base et son bar en béton intégré. Une fois installé et repu, nous déplions les joëlettes pour une petite mise en jambes et initiation sur le sentier des Aconits dans une magnifique forêt.

Nous profitons de notre 1er dîner champêtre pour faire connaissance en faisant les présentations et faire un quizz des prénoms dans lequel notre André excelle particulièrement…. 2 nouveaux accompagnateurs sont venus compléter l’effectif : des cochons sauvages qui, à défaut de pouvoir tirer les joëlettes avec nous, seront de véritables composteurs durant ce campement.

JOUR 3 : BERGERIES ET BAIGNADE
Après une 1ère nuit fraîche, les choses sérieuses commencent avec une 1ère rando : très belle randonnée des bergeries : de beaux paysages, du dénivelé, une magnifique passerelle « rebondissante » et les 1ères gouttes de sueur vites oubliées par une baignade en rivière. Nous finirons la journée par une descente…………. Ludique. On notera quand même une grosse disparité de la définition du mot « ludique » entre le dictionnaire des accompagnateurs et celui du « Petit Yannick illustré »…..

Nous avons droit à 2 crevaisons de joëlette durant la journée. Le temps de réparation et de changement de roues nous aurait valu une bonne dernière place en Formule 1…..
2ème soirée au campement de San Petru. Nous commençons à admirer les talents culinaires de René qui nous fait découvrir la divine truffade du Cantal…. Nos voisins de chambre, les cochons sauvages ont bien tenté une approche mais ils ont vite pris leurs distances dès qu’ils ont appris qu’André était un ancien boucher…..

La nuit s’annonce une nouvelle fois froide. Tous les moyens sont bons pour y remédier : mur de bâche, double duvet et…. digestif !!

JOUR 4 : PLATEAU DE COSCIONE
Nous quittons définitivement notre campement fétiche de San Petru pour une fantastique rando sur le plateau de Coscione au lieu des blocs de granit, accompagnés de chevaux et cochons sauvages. Nous empruntons quelques portions du mythique GR20. Après l’épisode « crevaison », c’est une soudure qui nous fait défaut sur une joëlette mais c’était sans compter sur les talents « macgyveriens » de notre AMM….

Le temps se gâte en arrivant sur notre campement sur le domaine de ski de fond de la Bucchinera. Pas de pluie en vue mais un bon brouillard qui nous vaudra la nuit la plus froide du séjour.

Avant d’affronter cette nuit polaire, nous reprenons des forces avec un nouveau repas gargantuesque au cours duquel, distraits par les blagues d’André, un cochon sauvage en profite pour nous voler un brugnon


JOUR 5 : DU FROID DE COSCIONE A LA PISCINE DES ANTILLES D’I FOCUNU

Réveil glacial nous incitant à prendre le petit déj le plus rapide de tous les temps. Nous nous mettons au chaud dans les camions pour redescendre de quelques centaines de mètres d’altitude jusqu’au relais équestre de PIerro. Nous retrouvons le soleil corse et une portion du GR20 qui nous emmène dans un refuge où nous faisons un hold-up de Coppa, (qui ne se doutait pas qu’il aurait une vie aussi courte en étant dévoré le soir même par 14 accompagnateurs et 4 passagers affamés….

Nous enchaînons montée et descente aventureuse à travers le maquis vers le village de Quenza pour enfin débarquer au camping I Focunu.

Nous nous pinçons mutuellement pour s’assurer que nous ne rêvons pas. Après 4 jours à dormir à la fraîche et à se débarbouiller avec l’eau de la rivière et à chasser le cochon sauvage, nous redécouvrons à quoi ressemble une douche chaude et les joies du « farniente » sur les transats de la piscine. Nous avons même le privilège d’assister, en première loge, à un magnifique spectacle de natation synchronisée de nos 2 sirènes André et Clément !!

Nous achevons cette grande journée par la dégustation de coppa et d’un énième repas divin. Notre Evelyne Dehlia corse, Yannick nous annonce quelques bourrasques froides cette nuit-là incitant les plus frileux à passer la nuit dans les sanitaires voire dans une douche…..


JOUR 6 : RANDO MAR A MAR

Nous démarrons notre 2ème partie de séjour par une très belle rando sportive sur le sentier du « Mar a mar », le concurrent direct du GR20. Notre périple démarre du petit village de Quenza, au cœur de la Corse profonde…. Belle rando sportive (les massages de notre jeune kiné Andrea seraient les bienvenus…) à travers le maquis et des chemins ravinés et accidentés.
Nous arrivons à notre point de chute ; Levie, en milieu d’après-midi, nous remontons dans les camions de « l’Agence Tous Risques ». René Barracuda fait une petite halte à Satene pour refaire un peu de stock et éviter une famine de la troupe. Nous partons nous installer dans notre nouveau camp de base : le camping Pero Longo qui nous propose un grand emplacement rien que pour nous. La soirée, autour de la désormais célèbre grande table de banquet HCE se résume en ces quelques mots : « Pietra un jour, Pietra toujours », de nouvelles blagues d’André qui lui promet une reconversion et un avenir certain au Zenith, et une divine omelette « dessert » (si si ça existe !!).
Comme l’a dit notre illustre et regretté Thierry Roland le 12 juillet 98 : « je crois qu’après ça, on peut mourir tranquille !! »

JOUR 7 : BICEPS, PUNAISES DE LIT, ORAGE : « ENGAGEZ-VOUS QUI DISAIENT !!! »
Yannick, le big boss, nous avait pourtant, envoyé plusieurs messages subliminaux et annoncé la couleur la veille, entre 2 Pietra, que le rando d’aujourd’hui, autour du village de Giuncheta, serait culturelle et ludique. Après coup, on peut dire qu’elle était plus ludique que culturelle. Bien entendu, on parle ici de « ludique » selon la version du « Petit Yannick illustré » !!! : Au programme, passage de murets, rochers… 8 biceps par joëlette n’étaient pas de trop !!! A ce compte-là, à la fin du séjour on va franchir des canyons et des ravins !!!
On commence le trek sans Julien : celui a tenté de trouver, en vain, un médecin pour avoir un diagnostic sur son allergie. Julien nous rejoint à la pause pique-nique et nous annonce le verdict sans appel d’une pharmacienne : « punaises de lit » !!! On se concerte avec le groupe : Plusieurs suggestions sur l’avenir de Julien :
  le confiner dans le coffre d’un camion HCE en lui balançant tous les jours, pour le maintenir en vie, une Pietra et un bout de Coppa ;
  le passer au karcher ou à défaut le mettre dans une machine à laver avec toutes ses fringues ;
  le larguer tout nu au milieu du maquis ;
  le rapatrier en urgence sur un ferry en étant, nous tous habillés en tenue de protection type « centrale nucléaire »
  Faire le guet chacun notre tour, la prochaine nuit pour guetter et tuer les punaises une par une ;

Après délibération, le jury, très clément, ne fait rien de tout ça, hors mis de conseiller à chacun d’être vigilant lors du retour à la maison. Néanmoins, à l’unanimité, nous décernons le trophée du « Poissard du séjour » à Julien ; ce qui malheureusement confirmé lors de la dernière journée (enfoi…….. de marseillais !

Revenons à nos moutons et à la plus belle séquence « émotion » de notre séjour : En milieu de matinée, lors de notre pause « graines » au milieu de bergeries, nous rencontrons un berger pompier corse (si si ça existe !), un vrai, un pur, avec l’accent qui va avec et qui nous accueille les bras ouverts. Le destin veut que nous le recroiserons avec son épouse, en fin de journée chez lui à quelques encablures de notre ligne d’arrivée. Ils vident leurs frigos pour nous offrir des boissons fraîches dont nous rêvions tant et fondent en larmes ! Ils nous confient qu’ils ont un enfant unique, lourdement handicapé et qu’ils sont naturellement très touchés par notre action.
Les yeux plein de larmes, nous faisons retour au camping à la ferme. Pour nous remonter le moral, nous avons droit à notre fameuse soirée dégustation de vin bio au restaurant du camping, le tout orchestré par un jeune sommelier passionné. Les vins étant fort appréciés, quelques-uns en profitent pour compléter leurs caves.
Pendant la dégustation, la patronne du camping, elle aussi une VRAIE corse, une vraie de vraie nous déconseille fortement de dormir à la belle étoile sur la plage de Roccapina, car cela est tout simplement interdit et, à cette saison, les gendarmes font encore des rondes….

Nous débattons du sujet devant notre énième festin confectionné par le désormais célèbre René Baucuse…. La météo menaçante annoncée et le risque de croiser la bande à Cruchot donne raison à notre druide Yannick : Nous restons dormir au camping. Sage décision car à minuit, en plein sommeil, un orage éclate. Sans tente marabout, la seule solution aura été de tous s’entasser et de s’imbriquer dans les sanitaires du camping. Un vrai Tetris humain…..

JOUR 8 : MER EN VUE !!!!

Réveil matinal et duvets humides, nous levons le camp pour nous diriger vers Bonifacio. Sur la route, nous apercevons la magnifique et regrettée plage de Roccapina. Notre frustration sera très vite oubliée : A quelques encablures de Bonifacio, après 2 heures de rando plutôt caillouteuse, nous posons nos fesses et nos joëlettes sur une splendide plage cachée et sauvage.

Après 3 heures de farniente, nous repartons de plus belle pour arpenter un splendide sentier le long des falaises pour rejoindre Bonifacio. Nous faisons halte au camping (un peu « touche à touche ») de la ville où nous retrouvons nos camping-caristes de San Putru. Nous reprenons des calories en dégustant en préambule quelques bouteilles de vin (du camping à la ferme, qui du coup n’ont pas eu le temps de vieillir…) et en épilogue, une bonne glace sur le port.
Les quelques yachts de milliardaires et les clichés « bling bling » sont d’un contraste saisissant voire choquant après nos 7 jours passés dans le maquis….

JOUR 9 : DOUBLE MAGIQUE : BONIFACIO ET PORTO-VECCHIO, RIEN QUE CA !!!
Le boss nous offre une grasse matinée : 8 heures !!! Nous consacrons la matinée à une rando urbaine dans la citadelle de Bonifacio avec une courte mais belle grimpette. Nous explorons en large et en travers les ruelles sauf les escaliers d’Aragon, impraticables en joëlette

Après avoir un petit rafraîchissement à la terrasse d’un café, nous quittons ensuite la citadelle pour une nouvelle balade le long des falaises jusqu’au phare de Pertusato. Nous en prenons plein les mirettes avec des vues panoramiques époustouflantes sur falaises de Bonifacio avec en toile de fond les Iles Lavezzi et La Sardaigne.

Après cette bonne bouffée de grand air, nous effectuons un nouveau transfert en camion jusqu’au mythique Porto Vecchio. Nous nous installons, pour la nuit sur le paisible parking de plage de Palombaggia où nous allons admirer son coucher de soleil les pieds dans l’eau.

Nous nous faisons de nouveaux potes cette nuit-là : les moustiques et un renard, peu farouche qui avait les mêmes intentions que nos cochons sauvages….

JOUR 10 : BALADE SANS DENIVELE MAIS PLAGE AVEC DENIVELE……
Nous découvrons, après une balade quasiment plate et très roulante la splendide plage reculée de Carataggio, surnommée la « petite Tahiti ». A défaut d’avoir eu du relief pendant la rando, nous avons en direct sur la plage car celle-ci est très fréquentée par les nudistes !!!

Tout en restant habillés, nous faisons ensuite chemin inverse pour enchaîner déjeuner et sieste digestive sous les pins de notre parking palombaggien…. Après un nouveau road-trip dans les routes de montagne corses nous retrouvons, pour notre dernière nuit à la belle étoile, notre camping fétiche de luxe « I Fucunu ».

Nous profitons de cette dernière tablée pour faire un tour de table du bilan du séjour tout en savourant le Ti Punch « maison » d’André…. A l’unanimité, la joyeuse équipe est ravie, charmée et séduite par ce séjour. Les mêmes mots résonnent : paysages magnifiques, logistique, repas et intendance irréprochables, ambiance, goût de l’effort, bienveillance, cohésion…etc

JOUR 11 : BAVELLA BELLA !!
Histoire de ne pas rester sur notre fin, nous reprenons la route pour achever notre séjour sur l’ïle de Beauté par une rando depuis le Col de Bavella. Très belle escapade avec en toile de fond les Aiguilles et une traversée de forêt durant laquelle nous faisons découvrir HCE et l’initiation au pilotage de la joëlette à Nelly, une jeune varappeuse qui ne laissa pas Clément indifférent….
Nos efforts sont récompensés par une vue époustouflante et une escalade (pour certains) sur l’imposant et vertigineux Trou de la Bombe !!!!
C’est sur cette belle image que nous plions et rangeons définitivement les 4 joëlettes.

Nous nous embrassons et félicitons mutuellement pour la belle réussite de ce séjour avant d’enchaîner sur 2 heures de route jusqu’à Ajaccio. Cette fois-ci les virages n’ont pas eu raison du ventre de Clément qui a bien failli transmettre son talent de relookage de portières à Pauline…..
Arrivé au port, nous abandonnons notre MasterChef René qui, le veinard joue les prolongations en Corse avec sa douce… Mais celui-ci était loin de se douter qu’il serait victime, quelques heures plus tard d’un acte de haute trahison !!! Alors que nous mangions, sur le pont du bateau notre dernier repas, une bonne salade « made in René », Yannick, le big boss, commet l’irréparable : il craque et achète un sandwich au restaurant du ferry (la preuve à l’appui avec la photo). « Yannick, prenez votre flambeau. Les aventuriers de la tribu ont décidé de vous éliminer, leur sentence est irrévocable ! »

La sentence sera de payer une tournée au bar !! on n’allait quand même pas jeter par-dessus bord un si bon AMM, qui plus est, futur jeune papa….. Avant de retrouver le « confort » de la moquette et la berceuse du moteur du ferry pour nous endormir, nous passons une agréable soirée à savourer quelques dernières Pietra en jouant à la belote, petits cochons et Bellz

JOUR 12 : TRISTE RETOUR AU MONDE URBAIN….
Nous retrouvons Marseille et sa Bonne mère qui n’a pas fait son boulot pendant notre absence : Alors que nous avions quitté Julien, nous apprenons à la gare St Charles qu’il s’est fait volé son véhicule !!! Fred et Edith, quant à eux, la tête dans les étoiles, ratent leur TGV « Marne La Vallée – Angers » !!!

EPILOGUE
Je profite alors de ce trajet qui nous ramène en terre angevine pour prendre ma plume et écrire l’épilogue de cette épopée qui était une 1ère pour moi :
Clap de fin de cette belle aventure « Handicap Evasion » : Les randos quotidiennes de 9 kms de distance et 300 mètres de dénivelé positif peuvent sourire un trailer ou randonneur chevronné….

La beauté des paysages corses n’est plus à prouver mais elle reste cette fois ci anecdotique, relayée au 2ème rang face à ce groupe riches de 18 belles personnes qui emporte haut la main la médaille d’or de la beauté. : 14 accompagnateurs tous d’horizons différents mais avec le même dénominateur communs : le goût de l’effort et surtout de la bienveillance et de l’humanisme à revendre… Et nos 4 passagers qui m’ont touché, ému, débordant d’indulgence, de reconnaissance et surtout de courage et de détermination. Une sacrée leçon de vie. Comme le dit grand Corps Malade « vous avez réussi à trouver un espoir adapté. Vous avez perdu une partie mais le même joueur rejoue. Le destin vous a giflé mais vous n’avez pas tendu l’autre joue ».
Désormais contaminé par le virus « Handicap Evasion », ce trek me marquera longtemps et confirme une fois de plus un de mes citations fétiches (de Baden Powell) : La meilleure façon d’atteindre le bonheur est de le donner aux autres ».
Handicapévasionnement vôtre