Avoir 30 ans au Puy Mary
Un dimanche de janvier, lors de la réunion des antennes :
« Bon alors l’Auvergne, vous ferez quel sommet ? »
« René pensait au Puy Mary, il va aller vérifier si c’est faisable ».
Bon bah d’accord, le Puy Mary.
Situé dans le Cantal, c’est un Puy que les membres de l’antenne n’ont pas forcément déjà fait. Sauf que ceux qui le connaissent ont alors déclaré direct « Impossible ! ». Ça promet.
Durant la semaine précédant la p’tite réunion de famille, nous recevons un mail : « la neige a enfin fondu, ça va l’faire ». D’accord, on y va alors.
Covoiturage organisé, nous nous dirigeons vers le fief de René le trésorier. La banderole des 30 ans est affichée sur la nouvelle véranda (détournement de fonds ?). Nous sommes déjà une trentaine ce vendredi soir. Le groupe grossira au fil du week-end. Nous serons environ 60 au sommet.
Le samedi, déambulations autour de Tessière-les-Boulies. Durant la journée, Manu peaufine les derniers détails de dimanche, le tournage d’une vidéo, entre autres.
Ça monte, ça descend, on en rallonge même la balade. Où l’orage finit par s’inviter, bien fait pour nous !
Et le dimanche... le dimanche… C’est le grand jour. Quel plaisir de savoir qu’HCE fait la fête partout en France, en même temps que nous :-) !
Nous retrouvons une trentaine de participants au pied du Puy Mary. Dont plusieurs personnes venues via le site "On Va Sortir", dont le succès ne se dément décidément pas. Le temps de nous organiser pour les équipages, de répondre à la presse, nous prenons la route. Bitumée. C’est vrai que vu comme ça, ce sommet…
Nous déchantons vite : le sentier monotrace à gauche est pour nous. René nous annonce que les débutants peuvent encore piloter pour apprendre. Lors de l’ascension finale, ce ne sera plus possible. Je vous laisse juge… Ça promet !
La neige a fondu, oui. Du coup, c’est très, très,très, très... gras. Les chaussettes blanches ne le restent pas longtemps.
Mais les rires fusent au fur et à mesure des difficultés. Dans un des documents vidéo d’HCE, une des accompagnatrice montagne d’HCE dit « c’est quand on en chie qu’on aime son voisin ». Nous allons donc nous aimer très fort j’crois bien.
Arrivés au col, sur la ligne de crête entre la Brèche de Roland et le Puy Mary, nous sommes tout crassous mais avons le sourire aux lèvres. Sourire qui se fige un poil en observant LE sommet.
Et René de nous rassurer : « C’est impressionnant vu d’en-bas mais ça le fait. Le plus dur, ce sera les deux petites barres rocheuses. ». Oui, deux barres rocheuses. Il est un peu c_ _ des fois, René.
Allez, c’est parti. Floriane se fixe un défi perso : elle montera à pieds, là-haut. Sa joëlette vide la suit donc.
Mathieu, dans sa coque, se marre. Nous comprenons qu’il est au diapason. Les 30 ans, il ne les a pas tous connus. A peine la moitié, mais nous savons tous pourquoi HCE existe et perdure, face à lui et ses parents.
Annette enchaîne. Elle est là avec Renaud, son mari, un des fondateurs de l’antenne. L’inconnue, c’est de savoir s’il arrivera jusqu’au sommet, lui aussi. Quel fort symbole ce serait pourtant !
Sandy ferme la marche. Elle porte son casque de toujours, mais la confiance est une évidence tout de même. Elle râle, elle rit, elle encourage, elle plaisante. C’est Sandy.
Avec ces 4 passagers, nous voyons derrière eux les absents. Deux sont en séjours et graviront leur sommets le lendemain, surplombant les Calanques. Les autres n’étaient pas dispos, craignaient la météo, étaient en rééducation, … Mais ils nous accompagnaient tout de même.
Jusqu’à ce que les choses se corsent. Là, il s’agit de se concentrer, de s’écouter, de regarder, d’être attentif. Les consignes de ce fou de René étaient tout de même sensées : seuls les pilotes et le passager s’expriment, les autres s’adaptent.
Et on monte. C’est ludique. Très ludique. Ce n’est donc absolument pas roulant. Sauf les cailloux. Que dis-je ! Les blocs !
Les 20 ans de la Pastourelle ont attiré énormément de traileurs. Au rythme où chacun avance, nous pouvons échanger quelques mots. Nous sommes plutôt d’accord pour se dire qu’on est un peu fou de s’engager dans un truc pareil mais eux sont pires que nous : eux ont en plus payé pour venir ! L’ambiance est bonne et nous montons régulièrement.
Jusqu’aux fameuses barres rocheuses. Des vraies, en fait. Il va falloir soulever la joëlette d’1m50 environ. Deux fois. Avec une mini terrasse entre les deux. Il est vraiment c _ _, René !
Mis à part un moucheron avalé, ça passe quand même. Floriane à pieds, toujours, ignorant la main tendue au-dessus d’elle, les autres en souriant. Un peu crispés sûrement, mais en souriant. C’est beau, ce moment.
La fin de l’ascension nous apparaît presque une rigolade. Il faut surtout rester concentrés, mais tout le monde l’est.
Nous y voilà donc. Il avait raison René, ça passe. Mais qu’on ne vienne plus nous dire que le Massif Central, c’est de la rigolade : des volcans pourris comme celui-là, on en a une série. On peut faire un séjour bien costaud si vous voulez. Et en plus il sera beau : y a beaucoup de séjour qui se déroulent dans un lieu candidat au patrimoine mondial de l’Unesco ?
C’est tellement beau et émouvant que les nuages noirs au loin se rapprochent de nous pour nous féliciter. Il a beau être 13h30, nous faisons les photos des 30 ans puis ouste ! Nous dégringolons vite fait le Puy.
C’est plus simple car bétonné (ouais …) mais les marches irrégulières demandent elles aussi de rester concentrés. D’autant que nous sommes en pleine relâche et c’est là que les chutes peuvent arriver.
Ce n’est pas le cas, et nous mangeons à pleine bouche notre pique-nique mérité. Les nuages nous auront vus à l’œuvre, ils sont contents et choisissent de s’éloigner. C’est pas chouette l’Auvergne ?
Une portion de bitume plus tard, nous admirons les marmottes (et réciproquement) puis terminons la route vers les voitures. Mine de rien, la journée est passée, il est tard pour ceux qui ont de la route, et nous regagnons nos pénates. Le covoiturage retour permet de revivre et partager ces moments forts.
Chaque voiture a dû sentir cette énergie nouvelle et l’envie de poursuivre cette belle aventure.
Vivement les 40 ans !
Mais au fait ! L’antenne Auvergne a fêté les 30 ans d’Handi Cap Évasion au Puy Mary, mais pas seulement … La preuve :