Séjour dans les Calanques et Ste Victoire du 12 au 19 mai 2012

25 janvier Reportages

D’ après les ouvrages savants : les Calanques, massif de calcaire urgonien caractérisé par sa dureté et sa teinte très claire.
HCE Calanques 2012 : équipe de vingt personnes caractérisées par leur teint clair au début et par la dureté de leurs mollets à la fin du séjour ..

Chacun est venu avec ses parfums, ses espoirs, son grand cœur, ses déficits, ses fragrances, ses colorations affectives, ses convictions, son envie de donner du goût aux choses de la vie, de donner du punch aux projets les plus fous ou acrobatiques..Bref un mélange de puissance et d’appétit, comme un énorme bouquet garni dont l ’assemblage réveille l’ appétit de vivre …
A vous de vous identifier ... animateurs, cuisiniers, tracteurs, pilotes et passagers de Joëlettes...

Thym, laurier sauce, vert de poireau, persil, sariette, sauge, romarin , ail , coriandre , céleri , origan, on vous a vu du côté d ’ Aix / Marseille/Cassis là- bas, en Provence …

Vous avez senti et ressenti toutes ces herbes à côté et sur les sentiers caillouteux, capricieux, chaotiques, sur les crêtes et les collines des Calanques, avec vos bleus au corps et à l’ âme ,
Maria la belle aux yeux noirs, Paulo le crabe, Henri la voix chantante de Marseille, Vanessa et Brigitte, super nanas à roulettes ou béquilles..dans cette équipe affairée et bourdonnante de jeunes et moins jeunes conduits par Aurélien.

Une semaine riche en soleil , embruns , gamelles sur les profils escarpés..

Le premier soir, David, le sympathique ange gardien vert de l ’ONF nous a accueillis, avec , un imprévu sur ses talons ...un sanglier discret mais curieux des odeurs de ces citadins qui allaient partager son domaine minéral et végétal..

Puis le trio de la télé, envoyés spéciaux d ’un carnet de route à venir, a failli avaler micro et caméras en constatant la rapidité de mise en œuvre des séquences montage de tente et marabout, épluchage des légumes et fruits du dîner, au rythme d ’un sage et efficace apéro...
Pour eux c’était le bouquet (garni bien sûr ) de voir cette synthèse immédiate et d’un groupe tout neuf guidé par l’ efficacité du partage des performances...mais ils n’ avaient pas fini d’en voir, et d’en filmer , avec une intégration sympathique et discrète.....

Les jours suivants ont confirmé cette heureuse symbiose, Julien, Morgan et Nicolas jouant les cabris dans la rocaille et vers les eaux fraîches des calanques de Sormiou, Riou , En-vau..
Les deux Moniques avec Emeline et Emilie, embauchant efficacement et avec charme les biceps d’un allemand et deux anglais de passage pour des côtes abruptes, Maud et Francois vérifiant l ’assemblage convivial de ce bouquet bien garni, tandis que Marie – Agnès, Bernard et Marc ajoutaient leur compétence en équilibre et force contrôlée pour que le fumet soit efficace...

Pour le plat de résistance du troisième jour, grosse étape sans âne car le sentier côtier était trop étroit et escarpé, la sauce liant le groupe était parfaite ….fluide dans la journée, piquante sous le vent et la chaleur de midi , homogène le soir à table...
Marti n’ avait pas beaucoup de peine à servir ses salades composées de vraies herbes de Provence et la cuisine proposée s ’ accordait à merveille aux appétits réveillés par l ’effort...il y a de la Méditerranée innée dans cet intendant là..
Après la belle et tumultueuse descente vers la calanque de Calle longue, un petit tour à quatre roues motorisées derrière le Garlaban cher à Pagnol, pour se poser près d ’un centre équestre, campagnard, au fumet de crottin, qui allait héberger notre quadrupède méritant, Tartare, et les bipèdes momentanément fourbus …

Dès le lendemain, direction le Prieuré, niché dans la brèche aux moines, sous la croix de la Sainte Victoire (alt. 947 m)
Ce fut une belle victoire que de gravir les 550m dans l’ après midi avec les aspérités du chemin, que même l’ âne rechignait à sauter, entre de longues périodes de refus... !
Un vent croissant et réfrigérant nous a vite fait gravir les derniers lacets sous le soleil rasant avant d’ entrer dans la cour abritée du sanctuaire et du refuge séculaire qui s’ aménage d’ années en années grâce a une association locale efficace..

Dîner roboratif : knakis/ mousseline ... sous l’œil surpris d’ une demi douzaine d ’étudiants en goguette pensant occuper en solo les 14 places officielles de cette grande pièce... mais très vite la loi du nombre nous laissa suffisamment de place sur les bas flancs, autour et sous la table pour installer valides et moins valides, car le violent vent extérieur ( et la température 8° à 900 m d ’ altitude ) en a incité un très petit nombre, après le dîner, à dormir dehors ..

La soirée fut calme, entre fatigue, fumées (fumets divers des refuges de montagne surpeuplés..) et ronflements....
Notre réveil précoce n’ a pas dérangé les couche -tard emmitouflés qui attendirent notre départ pour émerger de diverses vapeurs sédatives......
La descente vers Vauvenargues fut précautionneuse et goguenarde avec vue plongeante sur le château de Picasso en réfection..
De nombreux pèlerins montants (jeudi de l ’ascension) étaient admiratifs de l’ âne, des joëlettes, des marcheurs et le disaient.......petite fausse note cependant ... certains ignoraient nos passagers ...nous avons été plusieurs à penser....parfois a voix audible... seriez-vous aveugles, gênés ou égoïstes ?...

Trop belle la pluie du lendemain...il fallait bien baptiser les belles capes bordeaux ( et capitonnées …. ) très efficaces des joëlettes...
On avait l’ air de coccinelles décolorées avec les cordes en avant , comme ces bouquets garnis avec les ficelles émergeant de la sauce d’un ragoût fumant...

Brève route vers le refuge Cézanne où la palette des odeurs puissantes réveillées par l’ eau du ciel fut vite remplacée par la palette des couleurs revigorées par le soleil revenu …
Les deux frères en peinture avaient de belles raisons d ’ aimer le ciel de Provence

Et voilà ce fut « gaillard « comme le répétait à l’envie Julien, entre chutes , ampoules, plaies de mains , douche spartiate, coups de soleil et ongles douloureux pendant cette semaine un tantinet physique, rude, belle et trop courte...

Samedi de départ, les gouttes sont dans les yeux...affections cachées..bonheur invisible dans le cœur, touches tendres et émouvantes des derniers signes de la main...

Quel merveilleux plat cuisiné nous avons élaboré , mijoté , consommé et apprécie sans modération...

Comment HCE fait- il cette bonne cuisine d’ humanité fraternelle... ?
N’ hésitez pas à revenir vous resservir, nous on a bien aimé...

Marc G texte et photos

Pour compléter, voici le témoignage de Paul, passager joëlette :

En cette période du 12 au 19 Mai 2012, notre traversée des Calanques, massif de calcaire blanc surplombant de Cassis à la ville phocéenne, et plus précisément en partant de la ferme de la Gardiole où habitait le Garde Forestier qui nous prêta généreusement son pré à Port Miou banlieue de Marseille fut digne de nos chères épopées qui enrichissent l’histoire légendaire de Handi Cap Evasion.

Mériem L. jeune journaliste parisienne regarda avec intérêt le site Internet de notre Association Handi Cap Evasion et ainsi germa l’idée captivante de faire un joli reportage, en surfant sur la vague de sympathie suscitée envers les personnes handicapées physiques produite par le merveilleux film « Intouchables » plein de drôleries et donnant, pour une fois ; une image avec plus d’humanité de gens perçus d’abord dans leur différence.

Simone Vincent fut contactée pour voir si le projet était réalisable, et à elle échut le soin de trouver les différents vecteurs pour que ce petit film poursuive l’œuvre pressentie par d’autres sur ce capital de sympathie envers ces personnes que d’aucuns perçovent si différentes. Pour sûr Handi Cap Evasion fut déjà pionnière dans ces idées novatrices. Et ces idées ne doivent pas se défaire auprès d’un large public, le message de ce que nous sommes doit passer, de ce que nous faisons de beau…

L’Agence de Production dépêcha Amandine C., une de ces journalistes rompue à bien des situations rocambolesques et qui, cela ne s’invente pas, était native de la région marseillaise et dont le terrain de jeu privilégié était les fameuses Calanques, flanquée de son équipe de choc : Vincent le cadreur et Florent le preneur de son.

Ces témoins privilégiés s’émerveillèrent de la cohésion intergénérationnnelle de notre groupe, ainsi que de la capacité à réunir près de seize personnes valides aguerries à la marche autour de quatre participants handicapés en état de dépendance accrue, car en pleine nature (c’est à dire sans les adaptations du domicile qui peuvent faciliter les gestes du quotidien) et n’oublions notre ami Tartare, quadrupède qui a toujours un bon tempérament, et la gentillesse de chacun, pour que la journée qui s’annonce soit encore exceptionnelle. Ainsi sommes-nous, chacun par nos petits gestes et ces quelques paroles souvent teintées d’humour, les artisans de petits bonheurs qui naissent au détour de quelques détours d’un chemin, complétés par des paysages grandioses.

La Caméra légère de Vincent, œil scrutateur, ne perdit pas une miette du passage de roue de la joëlette sur ces sentiers délicats qui demandaient l’adresse et l’attention soutenue des pilotes et cette roue, qui en surprirent plus d’un dans ces escaliers rocheux dont seule la nature a le secret.

Quant à Florent le preneur de son, porteur d’une gigantesque perche télescopique en composé de carbone, au sommet de laquelle était fixé un solide microphone souvent paré de son habit à la dernière mode bien surprenante des plus velu, presque une bestiole qui aurait bien plu à mon chien Atoll.

Sur ces sentiers des Calanques couverts de petits cailloux blancs qui eurent fait les délices des contes de Perrault avec son Petit Poucet, déferlait un Mistral cher aux méridionaux, vent du Nord souvent froid descendant des Alpilles. Sur ces surfaces de rochers blancs de petits sapins dignes de bonsaïs s’accrochaient une terre rare et aux rochers en tentant de survivre, encore une prouesse de la nature, avec ces quelques plantes grasses éparses montrant encore l’exemple de survie…

A mi-parcours vers Marseille nous nous arrêtons à quelques croisées de chemins, où le camion nous rejoint par quelques détours secrets et déjà, dans le couchant, nous dressons la table et déjà un apéritif et un bon vin ragaillardissent les cœurs. David le Garde Forestier est là, pour nous conter par le menu l’histoire de la forêt du Grand Sud. Après un repas pantagruélique, la nuit nous enveloppe et nous nous allongeons dans nos sacs de couchages, sur les aiguilles de pins à la belle étoile.

Les calanques de Sormiou et de Vaux, nous accueillent encore et nous prêtent leurs lumières et leurs couleurs méditerranéennes pour de belles images photographiques, petits coins secrets et petits cocons de paradis. Mais nous nous dirigeons vers le col des Beaumettes qui surplombe Marseille et nous redescendons vers le petit port de Port Bou où les voitures nous attendaient pour rejoindre la montagne de la Sainte Victoire, chère au peintre Cézanne…

Sur ces images centenaires l’équipe cinématographique, nous quitta, non sans quelques émotions dans les « Aux Revoirs »... et les ultimes questions face aux microphones.