Savonnières en Perthois

7 février Antenne Grand Est
La sortie

L’insolite n’a jamais effrayé les membres d’HCE. Alors pourquoi ne pas faire une randonnée sous terre ?
Le rendez-vous était donné le 23 avril à Savonnière en Perthois dans la Meuse, à l’ouest de Bar le Duc pour cette insolite nouvelle aventure.
Le temps était plutôt gris et frais ce matin là. La joyeuse troupe se retrouvait autour d’un café et les joëlettes étaient en cours de montage, quand nos avons vu arriver tout un groupe habillé de combinaisons boueuses et de hautes bottes en caoutchouc… C’était le groupe de spéléologie de Nancy qui allait nous guider aujourd’hui. Incrédules au début, nous avons commencé à comprendre que la journée allait être sérieuse quand ils nous ont distribué casque et lampe frontale. Et quand je dis lampe frontale, pas le modèle pour randonneur qui cherche son dentifrice dans son sac à dos, non, non : c’était carrément le modèle « mineur de fond ». Et avec les consignes d’utilisation adéquates.
Il faut dire que nous allions rester 6 heures dans ces carrières désaffectées. 6 heures ! Presque un poste complet de mineur professionnel !
Pour pénétrer dans les grottes, nous sommes descendus au bas du village, après avoir déverrouillé quelques cadenas, c’est par une imposante porte en fer que nous avons débuté notre circuit touristique.

Quelques explications pour apprendre que ces carrières produisaient un matériau noble. Le calcaire extrait en séchant à l’air libre devenant très dur et de très bonne tenue pour la construction. Il était exporté, parfois assez loin et pour des constructions prestigieuses parfois ; à Bar le Duc, à Nancy, à Paris pour quelques immeubles haussmanniens et même à l’étranger. Il servait aussi de matière première aux sculpteurs. La production est aujourd’hui terminée, mais il reste quelques blocs (6 tonnes chaque environ) réservés.

Explications sur les méthodes d’extraction des blocs

Quelques champignonnières ont occupé la place libérée au fil de l’exploitation. La production est également terminée.
Enfin, durant la seconde guerre mondiale, les Allemands ont commencé à aménager ces lieux discrets et protégés pour en faire un lieu de stockage des sinistres fusées V2.
Malheureusement, ce qui a fait la fortune du village perché au dessus, le rend aujourd’hui vulnérable aux aléas géologiques. Il n’est plus possible de construire au dessus des grottes.
Pour se faire une idée des lieux, il faut imaginer une cave d’environ 100 hectares, divisée en alvéoles d’exploitation et entrecoupée de galeries de desserte. La hauteur de la couche est d’environ 3 mètres. A certains endroits du plafond, nous pouvions voir la mer ( !), enfin son empreinte négative qu’elle a laissée il y a quelques 300 millions d’années. Appelés ripple marks, ce sont les ondulations du sable du fond des mers. En gros, comme dans la Baie du Mont St Michel, mais à l’envers.

Une faille naturelle recoupant la carrière
La plage vu d’en dessous

Intéressantes aussi, les inscriptions et les dessins laissées sur les parois par les carriers. Ils y notaient les chiffres de leur production. Et d’autres fois, la Muse de ces ouvriers solitaires et enterrés leur a inspiré quelques dessins et remarques d’une licence plus ou moins poétique.

Ce vaste ensemble possède ses lieux-dits : la Besace, la Sonnette, l’Avenir, … L’occasion pour nos amis spéléologues de nous montrer les départs de quelques boyaux vers un monde encore plus souterrain, des mondes encore inaccessibles aujourd’hui aux joëlettes. Ceci dit, nous avons tout de même eu quelques passages délicats à négocier et les traces de boue sur nos sacs et nos vêtements témoignaient de notre initiation spéléologique et rampante.

Entrée d’un gouffre
Attention à la tête !

C’est le moment de souligner le travail des associations de spéléologie qui, par quelques aménagements adéquats, s’efforcent de rendre la visite de la carrière accessible en fauteuil pour personnes handicapées.
Le moment sacré du casse-croûte du mineur s’est passé dans une galerie improvisée salle à manger. Pour les têtes à têtes, la lumière des lampes frontales remplaçait la lueur des bougies ; éblouissant comme expérience !

casse-croûte du mineur

Quand avant de partir, on nous avait avertis que nous allions passer 6 heures dans les grottes, nous aurions pu penser que la « monotonie » du paysage allait devenir lassante. En fait, non. Même si nous étions heureux de retrouver la lumière du jour pluvieux, le temps est vite passé. Il fallait vivre cette randonnée comme une nouvelle expérience. Passer quelques heures dans le noir et sous terre a donné une nouvelle dimension, plus intériorisée, à la cohésion et à la solidarité de notre groupe (hou là là !… On pourrait croire que cela engendre aussi quelques effets secondaires hallucinants).

La sortie

L’hébergement était prévu à Lisle en Rigault, dans la très confortable maison de la spéléologie.
Vincent et Thomas, nous avaient prévu un repas exotique et délicieux.

Dimanche, le programme était plus classique. A l’air libre. Nous sommes partis du gîte après avoir longé la rivière Saulx, nous avons suivi la piste d’une ancienne ligne de chemin de fer, d’un profil assez doux. Cette ligne desservait sans doute les anciennes fonderies dont nous apercevions encore les bâtiments et les cheminées.

Avant d’arriver à Robert-Espagne, nous sommes rentrés dans la belle et grande forêt de Trois Fontaine, en passant de la Meuse à la Marne. Un petit pique-nique dans les bois (également préparé par l’équipe de cuisiniers) et c’était la descente vers Trois-Fontaines-L’Abbaye.

De l’abbaye fondée au XIIe siècle par les Cisterciens, il ne reste que quelques ruines de l’église. Elle a toutefois été reconstruite au XVIIe et possède un très beau parc que nous avons pu parcourir avec les joëlettes.
Pas trop le temps de méditer, hélas. Après quelques photos prises dans le cloître, il était l’heure de se quitter. Certains participants venaient d’assez loin, il fallait penser à la route.
D’un point de vue météo, c’était très moyen. Dommage ! Mais nous avons remplacé le manque de degrés Celsius par une ambiance amicale et chaleureuse.

Merci à Maryline (qui nous a accompagnés en pensée) et Claude pour l’organisation. Et merci à tous ceux qui ont rendu cela possible.
A bientôt !
Jean-François