Madagascar, l’Ile Rouge, si belle et si accueillante

Octobre 2019 Madagascar 2019

Zébus, rizières, (mini)baobabs, non ce n’est pas pour caser les "z" et les "b"au scrabble, c’est juste le tiercé gagnant ! On vous l’avait promis : "On vous racontera !"
Le moment est venu.

Trois semaines dans un merveilleux pays, d’une vraie beauté et d’une grande humanité. Des paysages grandioses, de savanes et de zébus, de forêts denses et de lémuriens (petits singes vifs et bondissants), de rizières à perte de vue, de blocs magmatiques gigantesques (la "baleine", le "caméléon") aux falaises grignotées ou picorées dans le parc d’Isalo ... Des milans noirs et des aigrettes aux fines silhouettes ...

UN PEUPLE QUI MARCHE
Et des gens qui marchent. Sans arrêt, toujours en mouvement, en tous sens : pour aller au marché local ou à l’office du dimanche, ils marchent. Pour mener leurs troupeaux, porter leurs jerricans de rhum - en vendre ou en acheter - ils marchent.

Petits et grands, les tout-petits dans les bras d’une à peine un peu plus grande, ils marchent tous, du lever au coucher du soleil.

Nous les croisons, nous les rencontrons : "Salame !" (Bonjour !) ; un grand sourire, un regard étonné en voyant les joëlettes. Le regard étonné laisse vite place aux rires et réflexions. Aux questions aussi, auxquelles nos guides locaux - Bruno, Samuel, Auberlin - répondent volontiers, toujours avec le sourire, surtout que pour nous, le malgache c’est franchement impossible. Mais on va s’y faire.

NOTRE PÉRIPLE
Notre voyage aux paysages si variés - de la capitale aux villes qui s’étirent sur une seule rue, en passant par des hameaux minuscules, tous animés et colorés - se déroulera en 5 étapes :

  Antananarivo, la capitale, près de 3 millions d’habitants et que nous découvrirons plus précisément le dernier jour, est le point de départ de notre ascension vers les Hauts Plateaux.


  le peuple des Zafimaniry et leurs villages aux maisons de bois sculpté ; c’est autour d’Ambositra.

  le peuple des Betsilos, aux coutumes et vêtements qui se distinguent des précédents (les nattes des femmes réunies en petits chignons derrière les oreilles ; les croyances diffèrent ; c’est autour de Fianarantso.


  la forêt primaire où nous verrons notre premier lémurien, réellement sauvage - une femelle endormie avec son petit dans sa poche ventrale. Nous n’avons fait qu’une légère intrusion en bordure de cette masse végétale impressionnante où la lumière ne pénètre pas partout et où la joëlette devenait très encombrante ; c’est autour d’Ambalavao.


  puis les grandes dalles et les énormes rochers qui parfois, semblent vouloir débouler de leur massif où nous verrons de belles cascades ; c’est dans la vallée de Tsarano.


  enfin, le grandiose Parc national d’Isalo, point d’orgue des panoramas, de la variété botanique. Protégé par l’Etat, nul ne peut couper les arbres ou s’approprier quelque plante rare qui, de toute façon, ne peut vivre que dans ce milieu. Nous nous baignerons dans des "piscines naturelles" goûtant au farniente bien mérité.

Le merveilleux sourire de nos accompagnateurs, nous le verrons partout. Si démunies qu’elles soient, ces populations nous font la fête à chaque rencontre : un fabuleux comité d’accueil à l’entrée du village.

Par où continuer pour vous faire partager notre enthousiasme ? Par le début bien sûr !

L’arrivée à 3 h du matin à l’aéroport est cocasse, les chariots et fauteuils aux roues incertaines, le change de l’euro pour des aria (le mot véritable est ariari, mais comme dit en notes, tout le monde écourte les mots).

Nous sommes accueillis par Bruno et son équipe, qui nous accompagneront durant tout notre périple. Et quelles disponibilité, amabilité, serviabilité !

Lors de notre week-end de préparation à ce voyage, nous avions évoqué l’importance d’intégrer nos guides, de leur faire partager nos "valeurs" à propos de la joëlette ... Pauvres de nous ! Nous avions tant à apprendre d’eux. Quel bel exemple avons-nous reçu : "la mayonnaise a pris", quasi immédiatement.

UN MINIBUS BIEN UTILE
Un mini bus nous attend, qui nous prendra en charge pour chaque transfert, d’une région à une autre. L’Ile Rouge est un peu plus grande que la France, Malo notre chauffeur, est super bien rôdé pour contourner les nombreux "nids de poule", aborder les passages de ponts hasardeux ...

Nous enchaînons immédiatement, un peu estourbis par les 11 heures de vol. Qu’à cela ne tienne, dès maintenant, Bruno commente notre parcours dans Tana. Le jour se lève à Mada, tout grouille de mouvements, gens et véhicules. Pollution de l’air, bruit, misère, taxis et camions ... et touk-touk (ou pousse pousse).

Nos regards un peu hébétés croisent ceux-là même que nous allons apprendre à connaître.
Un "petit déj" en sortie de la ville et nous voilà en visite dans une entreprise familiale de marmites (et autres objets divers) en alu. Rapidité de production et qualité impressionnantes. Ça commence fort !
Les journées vont s’enchaîner sur le même rythme sur une partie du sud de l’Ile.

En septembre, à Mada, c’est la période des vacances scolaires. La température est douce, c’est le printemps, la saison des pluies est passée. Notre ami Bruno récupère ses filles, Fity, 10 ans et Tina, 7 ans. Les fillettes feront partie de l’équipée dès lors qu’elles pourront marcher avec nous, à moins qu’elles ne suivent dans le 4 x 4 avec ceux de l’intendance. Elles se sont très vite adaptées au groupe apportant gaîté et fraîcheur enfantines.

Nous avons une petite équipe de cuisinières et cuisiniers qui vont nous régaler de leur cuisine locale : si le zébu est roi, c’est aussi dans l’assiette, le poulet et le riz font également partie du quotidien, matin, midi et soir.

D’Antsirabe où nous avons passé notre première nuit malgache, le bus nous emmène sur la N7 (et oui, il y a là-bas aussi une N7 !) - rare route goudronnée et nous roulons jusqu’à Ambositra, village aux maisons de bois sculpté. Les habitants se précipitent vers nous. Nous les regardons autant qu’ils nous dévisagent et cela tourne au délire lorsque Domi commence la distribution des billes.

Chacun en veut, les plus petits tendent les mains, c’est l’effervescence.
Un autre moment savoureux, lorsque Jeff sort les photos qu’il avait prises il y a 2 ans, lors du voyage de reconnaissance du terrain.

Les femmes et les enfants se reconnaissent, rires et cris, c’est un trésor que chacun veut s’approprier.

Lors de nos transferts en bus, il arrive que nous voyions quelque spectacle de désolation. La pauvreté pousse à la coupe effrénée des arbres (essentiellement des eucalyptus) pour produire et vendre du charbon de bois ; une vraie catastrophe écologique.

De même les cultures sur brûlis : cela consiste à mettre le feu aux grandes herbes. Au rythme d’une fois tous les 6 mois environ. Les autochtones estiment que l’herbe qui repousse est plus tendre et de meilleure qualité pour nourrir le zébu (roi local des animaux et néanmoins corvéable à merci et bon à finir dans les assiettes).

LES RIZIÈRES
Les rizières font l’objet d’un travail harassant et long. Les hommes préparent la terre en étages, les femmes planteront et repiqueront le riz.
Pour nous, les rizières ont été d’un tout autre enjeu. Chaque "carré" de rizière est bordé par un monticule de terre pour retenir l’eau. Pas toujours très larges ces monticules, pas toujours la dimension d’un siège de joëlette ! Pas toujours stable non plus !

Les passages de ruisseaux sur "ponts" de planches improvisés ont procuré quelques sensations aux passagers, de sacrés efforts et qualités d’équilibristes pour les accompagnateurs. Si ces derniers n’ont pas ménagé leur peine, nous devons une fière chandelle à nos amis malgaches qui n’ont jamais hésité à se mettre dans l’eau, renforçant le bon équilibre des joëlettes sur les côtés. Ces balades dans les rizières ont fait partie de nos heures de bravoure ! ! Et ce n’était qu’une mise en jambe ...

Nos guides ont pris goût à la joëlette ! Ils ont vite pigé le maniement, comparant ça à la charrue tirée par les zébus ... On a eu d’excellents zébus... pour tirer nos engins.

Ils nous ont filé de sacrés coups de main.

UNE JOURNÉE DE TEMPÊTE
Ce samedi 7 septembre, c’est la visite du Pape. Oui, oui, il est là pour 2 jours. Dans les villes, de grandes affiches. Nous autres sommes loin dans la campagne, on évoque la chose en rigolant. Nous marchons depuis 7 heures du matin pour éviter la chaleur. On n’a pas pu éviter les "passages ludiques" ; vous comprendrez alors que la troupe est fatiguée.

De gros nuages se forment. Le vent nous vient en pleine face faisant tourbillonner le sable de la piste. On essaye de rouler sur les herbes hautes et sèches. Les écueils sont d’une autre nature : on ne voit plus trous et bosses. Mais il faut avancer. Et puis, Bruno nous avait prévenus : "Nos petites tentes bleues, nous ne les verrons qu’au dernier moment !"

Même pas la consolation de se dire "ça y est, on arrive, plus qu’une heure de marche". Nous ne les verrons pas du tout d’ailleurs puisque, ayant enfin réussi à joindre ceux de l’intendance, ceux-ci nous disent que le vent est trop fort, ils n’ont pas pu monter les tentes. Du découragement s’ajoute à la fatigue. On ne voit plus très nettement les hameaux.

Nous arriverons donc à Tipaka, tout petit village aux superbes maisons en pisé brun rouge. Bien avant notre arrivée nous entendons les cris des enfants.

La population a vu nos ambassadeurs, le chef du village a donné son accord pour que les cuisiniers s’installent dans une maison au rez-de-chaussée.

La nuit va tomber, les passagers sont transis de froid, les autres sont fatigués. La tente collective paraît bien petite pour accueillir toute l’équipe, d’autant que le vent soulève la toile. Et heureusement que nous sommes protégés par les maisons ! Les petites tentes bleues sont plantées dans les ruelles, bien serrées les unes contre les autres.

Un thé bien chaud arrive, réchauffant les corps et le moral. Demain est un autre jour ...

LES SACS A DONS
Le lendemain matin, la place est envahie par tous les habitants. Rires, bavardages, tous se pressent autour de nous. L’institutrice est présente avec le chef du village.

Lors des 2 derniers cyclones de l’année, le toit de l’école a été emporté. Depuis, les petits élèves apprennent sans rien au-dessus de leurs têtes ni par terre. Tout a été emporté, plus de bancs, plus de bibliothèque ...

Il y eut quelques cérémonies dans les différents villages où nous nous rendions. Des contacts anciens avaient permis de cibler plus nettement les besoins.

Pour une bibliothèque, un ordinateur portable. Pour les écoles des livres, des cahiers et divers stylos et petit matériel scolaire, achetés en ville - pour que le pays profite aussi de ces achats en faisant travailler les commerçants.

Dans d’autres villages, des ballons de foot ou de basket, des jeux et vêtements préparés par les participants à ce trek.

LES RENCONTRES AMOUREUSES
Le dimanche est le jour de l’office, occasion supplémentaire aux jours de marchés, pour se rencontrer. Filles et garçons sont bien apprêtés. Paniers et chapeaux de couleurs, cheveux tressés et enrubannés offrent une belle variété de tenues. Le paréo porté par les jeunes filles peut être tiré par un garçon qui le gardera et proposera à la jeune fille de "venir boire un verre". Un "tsitt, tsitt" suggestif répond à l’éventuelle disponibilité de la jeune fille. Si "l’affaire" est sérieuse, les présentations aux parents s’imposent.

MAUDITES JOËLETTES OU JOËLETTES MAUDITES ?
Au matin du 3ème jour, crevaison d’une roue. Stéphane et quelques autres s’affairent : on vérifie l’origine, on regonfle le pneu. Le trajet de la journée s’effectue à peu près correctement si ce n’est que le pneu se dégonfle régulièrement. Nouvel arrêt, regonflage. Le lendemain matin, Stéphane vérifie les pneus des 4 joëlettes.
A la ville, achat d’une chambre à air qui va résoudre la question. Sur cette joëlette il y aura eu 4 interventions : le cale-pieds a cassé dans l’élan des premiers jours ... "Mora, mora !" (Doucement, doucement !) ... et la dernière, la plus cocasse, l’un des "secouristes" gonflant, poussant, soufflant sur l’embout… le bouchon de la valve n’était pas dévissé ..."Qui m’a fichu un mécano pareil ?" s’exclamera Stéphane. Et de s’y mettre à son tour. Fin du 1er épisode.

Quelques 5 à 6 jours plu tard, c’est la roue de la joëlette de Franceline qui fait des siennes. Il y eut au mois 15 crevaisons ! De quoi décourager le meilleur des AEM qui "n’avait jamais vu ça". Les aventures autour de cette roue sont nombreuses, on vous dira juste qu’à un moment, l’équipe malgache a eu la révélation : bon sang mais c’est bien sûr ; on bourre le pneu de paille et d’herbes et on repart !

Oui, mais toujours un écueil faisait fi de la créativité et des astuces de nos amis ... Ça a duré une semaine ! Plusieurs fois par jour, rouler un quart d’heure, s’arrêter, défaire les sangles, réajuster la paille, remettre les sangles, pour repartir ... pour combien de temps ? Une histoire de chambre à air vendue comme neuve dans une jolie boîte neuve, avec déjà 2 ou 3 rustines. Ambiance !

On pourrait vous en dire des anecdotes, vous décrire les villages traversés, la nature si généreuse à se régénérer, la beauté des enfants et des femmes toujours coquettes après le travail, les hommes que le travail ne rebute pas - et qui observent les mollets des filles du groupe qui tirent la joëlette ... Là, on a juste évoqué ce qui concerne la joëlette, il y eut tellement d’autres épisodes ...

Et aussi, enfin, le moment d’émotion à l’aéroport lors du dernier transfert pour le retour.

Nous avions vécu de belles choses, découvrant les uns et les autres d’autres richesses, et surtout, nous avons rencontré de vrais amis qu’aucun de nous n’est prêt d’oublier. Un grand merci à eux.