La Joëlette autrement…

25 janvier Reportages

Un raid sportif en Thaïlande : une course de 130 kilomètres avec des sportifs de haut niveau... et 4 Joëlettes.

La Joëlette a été créée pour la randonnée en pleine nature. Et nous savons bien que la montagne est son domaine. Mais tout le monde n’apprécie pas vraiment la montagne et certain ont envie d’autre chose.

Je ne voyais pas ce que j’aurai pu faire en Joëlette en dehors de la rando en montagne. Et puis, un jour, je reçois une documentation sur un raid sportif en Thaïlande. Il s’agissait de courir sur des pistes en pleine forêt, sous un climat très chaud et humide. Une course de 130 kilomètres avec des sportifs de haut niveau. Des adeptes des marathons et de tous les grands raids de ces dix dernières années autour de la planète. Ayant beaucoup pratiqué ce dépassement de soi dans l’effort et l’esprit du sport, certains sportifs un peu lassés de courir avec un chrono dans la tête, avaient envie de partager leur expérience avec des personnes qui sans leurs muscles ne pourraient jamais connaître ce petit frisson provoqué par le dépassement total. Ce raid a été un voyage au bout du monde, une aventure au bout de soi-même. J’ai toujours eu envie d’aller voir ailleurs ce qui s’y passe, et cette expérience m’a tentée.

C’est ainsi que durant dix jours, en novembre dernier, je me suis retrouvée, avec quatre-vingt sportifs pour un défi que je n’aurai jamais cru possible…

Je suis partie en essayant (et ce n’est pas facile) d’oublier tout ce que je savais de la Joëlette. J’avais raison de tout oublier, car il ne faut jamais comparer. Mon équipe : Six gars, sportifs de haut niveau ont durant cinq jours consécutifs, mis tout leur potentiel physique au service de cette équipe de sept que nous avons formé ensemble. Chaque jour, 25 à 30 kilomètres de pistes en pleine forêt. Dans une même foulée, ils ont empoigné la Joëlette de manière très différente de ce que nous connaissons à HCE. Au pas de course, une foulée bien rythmée, les athlètes (tout en courant ) changent de poste toutes les 5 à 6 minutes. Bien sûr, les pistes sont larges mais les dénivelés sont parfois assez importants. Nous avons eu des côtes jusqu’à 22 %. La mousson terminée depuis deux mois avait laissé des traces et il fallait ne pas se laisser entraîner par les rigoles défoncées. Lorsque c’était trop dur, nous marchions, histoire de ne pas mettre le physique des compagnons « dans le rouge », car il fallait tenir cinq jours et pas de pièces de rechange.

Quelle chance d’avoir eu des coéquipiers merveilleux qui m’ont donné bien du bonheur. Je pensais n’avoir pas beaucoup de plaisir à courir et bien j’ai vite changé d’avis. Tout en courant, nous avons partagé tant de découvertes dans cette forêt Thaïlandaise. Découverte d’une végétation fabuleuse, avec une faune et une flore extraordinaire, traversée de tous petits villages où l’accueil est tellement chaleureux. Une course de nuit, à la frontale, nous a permis d’apprécier des moments forts. Le réveil de la nature dans une lumière exceptionnelle, les oiseaux avec leurs cris surprenants. Dès les premiers rayons du soleil, des papillons gigantesques nous accompagnent quelques instants tandis que des serpents traversent la piste, tout étonnés de notre présence. Nous doublons des coureurs à pied, des VTT nous dépassent, chacun encourageant les autres par quelques conseils amicaux.
Dans les villages, nous croisons les enfants qui font bien des kilomètres pour se rendre à l’école et les parents qui partent travailler dans les champs pour cultiver le riz et maintenant bien des légumes qui se retrouveront sur nos tables en Europe.

Les fruits en abondance tout au long de la course, vont nous rafraîchir : bananes, mangues, litchis, mandarines, etc. Quelques pauses pour prendre des photos afin de ne pas oublier les buffles, les éléphants et autres animaux qui ne manquent pas de nous étonner.

La course se terminant vers 14 heures, les après midi nous les avons mis à profit pour rencontrer ce peuple si accueillant, participer à la vie dans les villages où nous avons été royalement reçus, avec toujours un spectacle par les enfants des écoles. Chaque jour nous avons remis du matériel scolaire, des ordinateurs, des vêtements, des fauteuils roulants, etc.

Nous avons pris du temps pour partager les repas avec les Thaïlandais, moments d’échanges et de partage qui fait que l’on ne revient pas indemne d’une telle aventure. Et, ce qui ne gâte rien, la cuisine Thaï est tellement raffinée. Des saveurs sucrées salées avec des épices qui nous transportent dans un ailleurs qu’on s’efforcera de ne jamais oublier.
Ce raid avait lieu pour la quatorzième fois ce qui fait que le staff des organisateurs était bien rodé. Lors du gala de clôture, les organisateurs ont affirmé le « plus » pour le raid, apporté par la présence des Joëlettes (quatre en tout). Là aussi, toutes les différences valides/handicapés n’avaient plus court. Une première qui fera date dans l’histoire des raids aventure. Espérons que d’autre vont oser.
J’ai vécu une aventure absolument extraordinaire. Je vais en rêver longtemps.

Rolande MATILE