Expédition Népal 1999

Septembre 2022 Archives

Photographies de Jean-Michel Deborde et Lionnel Maître

La bande des 13 sur le toit du monde

Titre choc mais pas complètement exact ; car les 13 étaient en fait 30 ! Faisons l’addition :

 4 passagers Joëlette
 8 accompagnateurs (dont Joël, responsable du groupe)
 1 cameraman (qui avait déjà montré son professionnalisme lors du trek au Pérou en 1997)
 8 sherpas népalais pour aider aux Joëlettes
 8 sherpas népalais pour les bagages
 1 sirdar (chef des sherpas)

L’Himalaya, ainsi que l’immense plateau tibétain est appelé le toit du monde. Mais le toit du monde lui-même, c’est le Chomolugma (en tibétain), le Sagarmatha (en népali) ou l’Everest (pour les occidentaux).

Nous avons cheminé jusqu’à son camp de base. Point de départ des grandes expéditions pour atteindre le sommet.

Un beau matin, au cours d’un superbe parcours en balcon durant lequel nous avons eu le loisir de voir la faune sauvage, la flore (gentiane, lupin), l’Everest est apparu pour la première fois. C’était le cinquième jour de marche. Quelle merveille ! Pause pour admirer, pour aussi laisser vibrer en soi ses propres émotions. Il est là, face à nous, presque " petit " par rapport aux autres sommets eux aussi sublimes (la perspective en montagne, vous connaissez ?), une petite pyramide se détachant sur un ciel bleu profond. Les couleurs sont aussi quelque chose d’exceptionnel au Népal : la pureté du ciel bleu (quand les nuages veulent bien se retirer), la blancheur immaculée des sommets enneigés, la luminosité du soleil qui illumine le paysage différemment selon l’heure du jour.

Avant cette première apparition de l’Everest, la bande des 13 a déjà bien crapahuté.

Commençons par le départ. Le 2 octobre à l’aéroport d’Orly Sud, la maman de Jérémie Gallaud nous entoure avant le décollage vers l’Asie.
Les diplomates Joël et Simone ont pu faire enregistrer le surplus considérable de bagages autorisé. La voie est libre jusqu’à Katmandou, via un long transit a Dacca (au retour le 29 octobre, le transit à Dacca nous laissera de bizarres souvenirs...)

Les 24 heures de démarches administratives seront utiles avant de décoller le 5 octobre pour Lukla, départ du trek. Nous survolerons un Népal vert, agricole, puis montagneux, qui se laisse découvrir à travers les nuages.

Vol dans un petit avion, rien que nous sur la Yeti Airlines (oui, nous sommes au pays du Yéti... que nous ne verrons pas), accueillis par une belle et charmante hôtesse du pays sherpa.

Avez-vous déjà vu un avion courir derrière des fauteuils roulants ? Ca existe, ici à Katmandou et nous l’avons vécu ! Sensation garantie !

Les choses sérieuses commencent donc le 6 octobre après l’apprentissage par nos sherpas du maniement de ce drôle d’engin qu’est la Joëlette. Joëlette qui fait sensation sur les chemins escarpés de la vallée du Khumbu : nombre de trekkeurs étrangers et français l’ont photographiée et filmée.

Ils recevaient en retour une fiche explicative de notre trek et de Handi Cap Evasion. L’association est connue dorénavant au Japon, aux USA, au Canada, en Ouzbékistan, en Europe, etc... Eh oui, Handi Cap Evasion est unique ! Devant nous 12 jours de montée par des chemins invraisemblables, des pentes abruptes très empierrées, des montées harassantes pour mieux redescendre, des chemins périlleux ! Le souffle se fait de plus en plus court au fur et à mesure de la progressive et lente montée en altitude. La traversée des ponts suspendus est spectaculaire. Etre croisé par des dzo (métissage vache-yack) ou des yacks (à partir de 4000 m environ) est une délicate opération, compte tenu de l’étroitesse des chemins et du comportement mi-sauvage du yack qui avance droit devant lui quoi qu’il advienne.

Rencontrer les sherpas avec leurs charges impressionnantes sur le dos est l’occasion de l’échange de " namasté " (bonjour) et de regards étonnés. Les chemins de l’Everest ne sont pas monotones ! Vivre avec nos sherpas tisse des liens jour après jour.

Ces petits hommes sont étonnants, chaleureux, gais, farceurs, d’une résistance et endurance physique sidérante, d’une force considérable nécessaire pour progresser chaque jour toujours plus haut, jusqu’à 5200 m, que nous atteignons le 17 octobre. Record d’altitude pour la Joëlette et pour toute l’équipe.
Le spectacle est grandiose, impressionnant dans ce monde minéral et de glace. L’émotion est forte, laisse sans voix.

Avant de redescendre et du même coup fuir la neige qui va commencer à tomber pendant 3 jours sans discontinuer, nous trinquons et buvons la cuvée spéciale " Everest 99 ", que Simone porte avec précaution dans son sac depuis Paris. A 5200 m, le petit rouge de Provence est bien frais et meilleur qu’à basse altitude.
Pour descendre, nous avons le désert blanc de la neige, l’opacité grise des nuages de pluie, le ciel bleu intense qui laisse le soleil réchauffer les corps fatigués, la luminosité exceptionnelle qui transforme tout le paysage, puis, pour finir, en basse altitude à Katmandou, le brouillard de la pollution et le bruit de klaxons.
Que de contrastes !

A Katmandou les contrastes apparaissent vite entre la ville touristique et la ville besogneuse, entre le niveau de vie des gens.

Avant de quitter le Népal nous offrons nos 4 fauteuils roulants, du matériel pour handicapés et des médicaments à un hôpital de Katmandou et à la Croix Rouge népalaise. Cela en présence de l’ambassadeur de France au Népal qui, à travers notre trek, sait dorénavant que la montagne est pour tous.

Yolande Caumont