Champsaur du 06 au 13 août

25 janvier Reportages

Le parc National des Ecrins, situé à l ’est de la route Napoléon qui descend de Grenoble à Gap, englobe une partie de la région du Champsaur où se trouve notre camp de base, au bord du Drac, à Pont du Fossé (alt 1120 m).

Le camping le Diamant, accueillant notre groupe, voit vite arriver une bonne vingtaine de jeunes et moins jeunes pour monter les marabouts sous l’œil maternel d’Anne -Marie et Françoise qui vont nous" bien nourrir" pendant la semaine…

Evangéline, notre Accompagnatrice Montagne fluette, blonde, tonique et compétente va vite pendant l apéro d ’accueil, caler les festivités, et nos pérégrinations avec Charlot sympathique et robuste quadrupède compagnon de randonnée.

Après montage des tentes individuelles et découverte des superbes sanitaires très adaptés à nos amis PMR, Kevin, Hassen, Rémi et Isabelle, le diner s’organise.

Puis à l’issue, c’est la rituelle présentation avec le tour de table des prénoms, sans efforts autant pour les bizuths que pour les anciens (vite baptisés …les grabataires … !) On ne va pas tout réciter, mais il y a Léo, Léa, Marco, Mado, Sonia, deux oliviers, des lunetteux, des branchés IPhone et tablettes, bref la génération Y, mais terriblement actifs et rigolards

Dès le lendemain, lever précoce et briefing appuyé sur la joélette, son histoire sa robustesse, sa manipulation, son pliage -dépliage.
Isabelle rouspète un peu car on lui a mis la pression pour être à l’heure au petit déjà, et elle, habituée des séjours, a hâte d’’embarquer …

Départ à 11 h pour un circuit de 10 km et D+ 200m, aménagé le long de la rivière, avec passerelles et cheminement ombragé facilitant la prise en main et les travaux pratiques pour la cohorte de débutants, sans les décourager...Charlot connaît son gabarit avec les sacoches et exige quelques détours...de plus il craint les plaques d’égout et les passages à claire voie, il faut ruser et anticiper….
Une journaliste du Dauphiné libéré nous accompagne quelque temps et son article, paru le jeudi suivant, attise la sympathie des autres résidents (environ 80) du camping, que le signal sonore matinal de Charlot avait déjà informé de notre présence et de nos projets.

Nous sommes à la jonction du Drac Blanc (à cause des pierres tapissant son lit) et du Drac Noir (traversant des terres riches en humus sédimentaire), c’est l ’occasion de découvrir la puissance dévastatrice de cette rivière (Drac = dragon) en traversant les épis rocheux aménagés, les ruines d ’anciens bâtiments, avant de pique-niquer sereinement un peu plus haut, au hameau des Rocous, dans un pré ombragé sous les hautes parois minérales ensoleillées.

Le retour se fait en suivant le sentier aménagé sur canal (enfoui) d’alimentation en eau de la ville de Gap, à 30 km de là. Ce captage ancien est fiable et régulier, et sa pente douce réjouit nos mollets… (on y croise des Vtt électriques, quelle époque !). Avant de retrouver bitume et camping en fin d’après-midi.

Pour des impératifs de météo, la journée en bivouac se fera dès le lendemain, avec au menu près de 800 m de D+ dans la journée...jusqu’au vallon Combeau (Alt 1902) où le véhicule doit nous rejoindre.
L’ascension se fait par une longue draille empierrée, que nous partageons avec les vaches, et leurs bouses, en haut elles nous laissent la place près de la croix dominant la vallée du Drac. La montée dans un sentier raviné et encombré d’éboulis est parfois rude, et les gros bras à la manivelle d’un supporter (Hassen.) de l ’équipe de foot de Barcelone est efficace !

Puis une route forestière, à partir du hameau de Coste Belle, nous emmène entre épicéas et sources cachées, vers la bergerie désaffectée, le bivouac y sera monté à quelque distance, dans un creux abrité du vent, mais pas des moustiques.

Le soir un garde du parc des Ecrins nous rejoint et dînera avec nous, en nous parlant longuement de son histoire (crée en 1973) de ses contraintes, objectifs, bénéfices, surveillance et réintroduction d’espèces (bouquetins)
Un chamois, haut perché, est visible en limite d’un pierrier, mais les marmottes sont couchées ainsi que les aigles et autres coqs de bruyère. On parle bien sûr du loup et de ses balades au ras des sapins (il évolue toujours à couvert), et des chiens de protection des troupeaux (patous, mais aussi le berger d’Anatolie, plus imposant et sociable avec les humains.

Après une nuit étoilée, mais fraîche (6°) et humide, réveil délicat pour certains, avant la descente tranquille vers le hameau de Serre-Ayrault… où la pluie nous surprend en plein pique-nique près de l’église, petite alerte de deux heures pour tester notre équipement ! Puis descente tranquille par un chemin déjà connu puisqu’on rejoint les Rocous et le Drac Noir.

Demain c’est vers la vallée de Champoléon, vers Orcières et le pré Chaumette, une cabane à 1800 m, où nous irons rencontrer un berger qui surveille 700 moutons (trois troupeaux de 250 têtes sur trois vallons distincts).

Après une bonne nuit de récupération, départ en convois (4 véhicules) pour les 16 km de liaison vers le hameau de Chamelles le long du Drac Blanc, où se trouve le parking. Charlot met 25 minutes à monter dans le véhicule, Florentin qui l’y conduit par séduction, doit ressortir acrobatiquement par-dessus. Mais on va trouver un truc pour éviter ce... cabotinages asinesque.

Petit contre temps, le sac des coussins des joélettes manque à l’appel, tandis qu’une équipe rapide va les récupérer, Anne -Marie nous fait une séance collective d’étirements- relaxation -préparation à l’effort, façon Yoga. La montée par une longue rampe caillouteuse chaude et ensoleillée (D+ 350 m) est « avalée » en moins de 2 h et on arrive sur place dans les temps. vive la mise en forme !

Evangéline est contente de ses troupes et de la récupération des retards successifs, le pique-nique avec du maquereau à la moutarde, boulgour et polenta est convivial et jovial au soleil, malgré les orties et les mouches...

Sauf que le rendez-vous prévu avec le berger s’approche, et il n’est pas là… enfin Didier arrive juste, descendant du pas de la Cavale, c’est pas un accro du portable, mais il avait bien eu le message par un relais de l’office du tourisme.

Il était jardinier- paysagiste, mais arrivé à la cinquantaine, et après une formation à Chambéry, il est maintenant berger depuis trois ans, et quatre mois par an, employé par une association d’éleveurs pour surveiller leurs troupeaux en pastoralisme libre (sans clôture « à la race ») dans un vallon limité en bas par les arbres, en haut par les crêtes. Il a un chien colley, rassembleur de troupeau.

Il passe deux jours avec chaque troupeau, et un jour par semaine, descend en ville. Il est heureux et cool dans sa relative solitude loin des paperasses, avec sa canne typique (un crochet pour attraper le mouton par une patte arrière). Belle et sympathique rencontre.

Le soir, avant le dîner et après les toilettes et douches chaudes (encore merci les super sanitaires du camping) certains ont de l’énergie à revendre, que ce soit en jeux intellectuels, étranges dominos, ou physiques…et c’est le bras de fer entre Passagers Joêlette et Accompagnateurs, le sumo sur bâche, on prend les paris, il y a des adversaires expérimentés !

Mais c ’est déjà jeudi, et nous allons monter vers le Touron, massif du vieux Chaillol, avec encore un transfert en voiture de 10 km… Mais on a trouvé hier la technique pour embarquer Charlot, amateur de fleurs de chardons, framboisiers sauvages, et feuilles de frêne...Car ni l’avoine, ni le charme de ses pilotes ne l’incitaient à monter. Finalement, une longe devant, une corde derrière les fesses, un couloir avec la porte arrière semi fermée et hop en moins de 3 minutes c’est fait…

Evangéline est aux anges, plus de retard car la manœuvre sera reproductible avec succès et plus de ricanements de spectateurs et leurs multi conseils pour les affres de l’embarquement.

Montée au chalet du Touron par un chemin étroit à flanc de coteau en pleine pente, ou de nombreux randonneurs, avec chiens (pourtant interdits dans le parc) et ânes doublent ou croisent notre caravane. Le sentier est somptueux dans un paysage encaissé dans les sapins et cascades, mais la rudesse du profil met à mal le dos des passagers joélette et sollicite les biceps des tracteurs-conducteurs.

Une pause prolongée, du repos, et un pique-nique anticipé abrégeront la journée pour le confort de tous, d’autant qu’un Apéro-Quizz sur HCE est prévu ce soir.

Quatre équipes en lice pour tout connaître sur cette douce folie qui rassemble plus de 20 fois en été des actifs, aux capacités variables, de la rand montagne.

Après un tel effort intellectuel, nos intendantes, opportunément aidées par Martine, nous avaient prévu un diner encore plus élaboré, couronné d’un dessert riche d’une charlotte avec crème chantilly et crème chocolat.

Cela donnera lieu à une mémorable finale homme/femme de léchage de plat (presque la tête dans le saladier) à la grande joie de l’équipe vaisselle…

Pour le dernier jour, transfert au village de Prapic, aux sources du Drac Noir, village typique bien mis en valeur, et point de départ vers le saut de Lair.

Ascension (D+ 400 m) tranquille en plein soleil, de nombreux randonneurs nous doublent, l’occasion de distribuer Flyers et bonnes parole. La traversée d’une longue prairie dans replat glaciaire nous donne l’ occasion de voir et entendre de nombreuses marmottes pas trop farouches et photogéniques…

Anecdote : Olivier notre "Handi Marchant" non voyant, déambule facilement sans canne derrière son guide qu’il suit à l’oreille en se fiant à la clochette qu’il porte (version utile de la fée clochette) .Ils doublent un randonneur photographe, accroupi derrière un rocher et son téléobjectif pour immortaliser le rongeur de type marmotte qui, en pause d ’observation, prenait la pose. L’opérateur s’offusque de ce dérangement sonore, mais après explication, néglige vite son appareil et son sujet pour s’excuser et apprécier ce curieux binôme de marcheurs.

Autre anecdote : arrivés au sommet, et pendant la photo de notre groupe sur un caillou monumental, un équipage familier apparaît dans le paysage. Un jeune ménage belge pilote une joëlette orange véhiculant un enfant de 12 ans handicapé par une maladie rare de l’équilibre.Ils ont bénéficié du prêt de cet engin par l’office du tourisme et en ont appris le maniement ce matin avec succès puisqu’ils nous rencontrent ici avec plaisir et émotion.

Bien sûr après des échanges émus et admiratifs mutuels, nous avons poursuivi notre périple. Une joie simple.

Et c ’est bientôt fini, car dès le retour au camping, on pense au retour et rangements, inventaire et pliage de tout le matériel, l’âne et le véhicule pour un autre séjour.

Notre AEM émérite, Evangeline, est heureuse et moins soucieuse, les accompagnants et accompagnés, comblés, pensent déjà à leurs activités respectives, mais le brainstorming final est toujours révélateur et émouvant de convivialité.

Quelle revigorante histoire partagée en si peu de jours !
Encore une fois la mayonnaise HCE a pris de la consistance, plaisirs et services mutuels, solidarité sont les mots qui sortent facilement, et quelques larmes furtives à l’heure du départ, aussi ...