C’est l’histoire d’un trek

25 janvier Reportages

C’aurait pu être l’histoire d’un mec né à Meknès, ou l’histoire d’une mascotte – Joséphine. Mais non c’est juste l’histoire d’un trek… en joëlette.
C’est au Maroc, donc il y a des mulets (forcément), des poulets (au citron), des chiens, des chats, des agneaux, des chèvres, des dinosaures, un générateur en guise de raton laveur et des dromadaires. Et au milieu coule une rivière.

Le jour le plus long (ou la nuit la plus courte)

Précepte numéro un pour un trek réussi : du lourd, du condensé, pas de temps mort.

Donc aussitôt arrivés à Marrakech, on saute dans les minibus, et c’est parti. Le bivouac nous attend, de l’autre côté des montagnes, au sud. A peine le temps de dîner en cours de route, quelque part du côté du col de Tizi N’Tichka que nous débarquons à une heure du matin, dans un hameau en bordure (vertigineuse) d’un oued. Eblouis par la voie lactée. On déballe les joëlettes (car les cartons d’emballage repartent illico pour Marrakech) et au dodo, il est 2h.

Préambule et mise en jambes

Au réveil grand bleu et montagnes arides. On est bien au Maroc et dans le sud. Aujourd’hui une petite étape pour se mettre en jambes et tester les équipages.

Programme varié : premiers franchissements d’oued (sur un pont sommaire ou à gué), pause « graines », piste torride et bivouac sur une petite éminence. On est dans l’ambiance.

Une autre ambiance pour la nuit : concert d’aboiements. C’est dingue trois chien errants et avec l’écho des falaises on dirait qu’ils sont une centaine. Les sales bêtes.

Suit une petite remontée de gorges (pour s’habituer progressivement au mode canyoning), une courte mais raide montée (pour digérer le pique-nique) et une traversée de plaine désertique.

Pour recharger les batteries du drone de Salvatore, Youssef ramène un générateur. Poussif au début, il est si bien nettoyé qu’il « pête le feu » et fait griller tous les chargeurs de batteries ! Mais désormais notre bivouac est équipé de tout le confort moderne : l’eau, le gaz et l’électricité !

Il ne reste plus qu’une étape pour se rapprocher de l’oued M’Goun. Après un petit col, une large piste nous plonge entre des falaises façon Zanskar : bergeries troglodytes et plissements rocheux colorés. Magique.

Canyoning à l’envers

Après trois étapes relativement « sèches », voici le plat de résistance : la remontée des gorges du M’Goun. Le principe est simple : on suit le lit de la rivière, et à chaque méandre (soit tous les 100 mètres environ), quand la rivière vient buter contre la falaise, on traverse.

A gué.

Ca patauge, ça éclabousse, les graviers rentrent et sortent des chaussures. Pour que ce soit plus fun, tels les saumons, nous remontons le courant. L’équipement doit être à la hauteur, que du matos technique : maillot de bain + sandales (velcro doublé de scotch américain obligatoire) + chaussettes. Look inimitable mais c’est efficace.

Le Haut Pays

En amont des gorges le paysage et la météo changent. Les sommets enneigés nous observent du coin de l’œil. Parfois l’orage gronde, le vent se lève et le temps se fait plus austère.

On calfeutre la tente berbère à grand renfort de bouts de ficelle pour colmater toutes les ouvertures. Heureusement qu’il ne pleut pas trop car l’étanchéité laisse à désirer.

A défaut de faire l’ascension du M’Goun, notre sommet sera le passage du col de Tizi n’Aït Imi (2960 m quand même). Top départ en face d’un campement nomade avec son troupeau de dromadaires. C’est une épreuve « attelée » avec mules de course. La mule tire (fort), et grimpe (très vite). Pour ne pas basculer il suffit d’aller plus vite qu’elle dans les virages, sinon la corde vous rappelle à l’ordre. Dans ces conditions le dénivelé est rapidement avalé.

Pique-nique au sommet du col, on bascule dans la vallée d’Aït Bougmez (la vallée des gens heureux).

Balade (dans la vallée) des gens heureux

Pour finir, trois petites étapes, juste pour le plaisir de randonner, de profiter d’un lieu de bivouac (sauf quand il est envahi par les guêpes) et visiter tranquillement la vallée.

A côté des traces de dinosaures (fossiles) Monique et Jean-Jacques tentent d’enseigner les subtilités du jeu du béret et du saute-mouton à une troupe de gamins hilares.

Et pendant que Michèle et Brigitte testent la randonnée à dos de mule, Annie troque sa canne blanche contre une place de joëlette.

Après les plateaux arides, les petits sentiers au milieu des pommiers ont un petit air de Normandie…

Et, selon la tradition, tout cela finit par un banquet (méchoui et non pas sanglier grillé), chez Youssef à Iskatafen. Douche chaude, hammam et escalier coté IVsup pour atteindre la salle du banquet.

Pour terminer, passage express à Marrakech : juste le temps d’aller marchander une paire de babouches au souk et de boire un jus d’orange sur la place Djeema El Fna. Le Grand Hôtel Tazi et son kitsch suranné sont à deux pas. Pour une (courte) nuit avant de reprendre l’avion, c’est parfait.

Conclusion : pour obtenir un trek de grande classe, c’est simple : prenez ce résumé/condensé de trek et diluez-le dans plusieurs litres d’eau de l’Oued M’ Goun (les estomacs délicats peuvent rajouter un peu de Micropur). Dégustez très frais, sans modération, accompagné de beaucoup de thé à la menthe.

- Denis